(Bangkok, le 31 janvier 2023) – Au cours des deux années qui ont suivi le coup d'État militaire, la junte du Myanmar a étendu son recours à la force meurtrière et à des mesures répressives pour étouffer toute dissidence, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les gouvernements étrangers devraient coordonner une pression accrue sur la junte afin de garantir les libertés fondamentales, et la transition vers un régime civil démocratique.
Le 1er février 2021, l'armée birmane a arrêté les responsables civils élus du pays, dont la dirigeante de facto Aung San Suu Kyi. Depuis lors, la junte a brutalement réprimé toute opposition et sévèrement restreint les libertés d'expression, d'association et de réunion. Au moins 17 000 manifestants et activistes ont été arrêtés et 2 900 tués, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques, un groupe non gouvernemental. Les forces de sécurité ont procédé à des arrestations arbitraires, à des actes de torture, à des violences sexuelles, à des massacres et à d'autres abus qui constituent des crimes contre l'humanité.
« Au cours des deux années qui ont suivi le coup d'État au Myanmar, la junte militaire a soumis son peuple à une spirale croissante d'atrocités qui constituent des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre », a déclaré Elaine Pearson, directrice pour l'Asie à Human Rights Watch. « Au lieu de procéder à des "élections" inévitablement truquées en août, les généraux du Myanmar devraient faire face à des conséquences internationales de leurs crimes. »
Au cours d'opérations militaires étendues, les forces de la junte ont été responsables d'attaques contre des civils qui constituent des crimes de guerre contre des populations ethniques minoritaires dans les États Kachin, Karen, Karenni et Shan. L'armée a utilisé la tactique de la « terre brûlée », incendiant des villages dans les régions de Magway et de Sagaing.
La junte a empêché l'aide humanitaire d'atteindre des millions de personnes déplacées et d'autres personnes à risque dans les zones de conflit. Dans l'État de Rakhine – où les Rohingyas sont depuis longtemps confrontés à des abus et à une discrimination systématiques qui constituent des crimes contre l'humanité, y compris la persécution et l'apartheid – les forces de sécurité ont imposé de nouvelles restrictions à la circulation et à l'aide. Les restrictions ont aggravé les pénuries de nourriture et d'eau et accru le risque de maladies évitables et de malnutrition sévère.
Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime qu'au moins 17,6 millions de personnes au Myanmar ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Les combats depuis le coup d'État ont déplacé plus d'un million de personnes à l'intérieur du pays, tandis que 70 000 autres réfugiés ont fui vers les pays voisins.
Le 21 décembre 2022, une résolution historique du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Myanmar a dénoncé les violations des droits de l'armée depuis le coup d'État, mais n'a pas réussi à imposer un embargo mondial sur les armes ou à renvoyer la situation du pays devant la Cour pénale internationale. La Russie et la Chine se sont abstenues lors du vote, signalant l'isolement international croissant de la junte.
Les gouvernements préoccupés devraient cibler plus efficacement les principales sources de revenus de l'armée, en particulier les revenus en devises que l'armée tire des exportations comme le gaz naturel, les métaux, les pierres précieuses et le bois et qu'elle utilise pour acheter des armes, du matériel militaire et du carburant, a déclaré Human Rights Watch.
Les sanctions économiques ciblées imposées par le Canada, l'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont été limitées dans leur efficacité en raison d'une mauvaise application. D'autres gouvernements clés tels que l'Australie, le Japon et les États membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Association of Southeast Asian Nations, ASEAN) n'ont adopté aucune sanction ciblée depuis le coup d'État.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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