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Au Bélarus, emprisonnée pour avoir voulu protéger son mari

Les autorités poursuivent les familles des prisonniers politiques

Daria Losik avec sa fillette, âgée de quatre ans. © 2021 Nasha Niva

La semaine dernière, un tribunal de Brest, au Bélarus, a condamné Daria Losik à deux ans de prison pour une interview qu'elle a accordée à la chaîne de télévision indépendante Belsat au sujet de son mari incarcéré, Ihar Losik ; les autorités biélorusses ont qualifiée ses propos d'extrémistes. Le tribunal a statué qu'en qualifiant son mari de prisonnier politique et en critiquant les autorités lors de l'interview, Daria « a soutenu des activités extrémistes », présentant ainsi un « grave danger pour le public ». Sa condamnation signifie que les grands-parents de sa fillette, âgée de 4 ans, doivent désormais s’occuper d’elle.  

Ihar Losik, qui dirigeait une chaîne Telegram populaire et travaillait comme consultant pour Radio Free Europe, purge une peine de 15 ans de prison avoir été reconnu coupable d'« organisation d'émeutes de masse » et d'« incitation à la haine »  – des accusations basées sur des motifs politiques.

Après sa condamnation en décembre 2021, les autorités ont désigné Ihar comme une personne « impliquée dans des activités terroristes ».

Tout au long de sa détention provisoire, les autorités pénitentiaires l'ont soumis à des mauvais traitements, ont restreint ses contacts avec sa famille et lui ont interdit des exercices physiques. Ihar a survécu à deux grèves de la faim et à une tentative de suicide. L'été dernier, les autorités ont saisi certains des biens de la famille Losik, y compris leur télévision et le piano de Daria.

Depuis que les autorités ont arrêté Ihar en juin 2020, la vie de Daria consiste à lui livrer de la nourriture, des produits d'hygiène et des vêtements, à des centaines de kilomètres de chez leur domicile. Elle a publiquement défendu Ihar et dénoncé ses mauvais traitements en détention. Sans Daria, lui a-t-il dit une fois, il n’y aurait personne d'autre pour le défendre.

Les avocats biélorusses ayant représenté des victimes de poursuites à motivation politique sont eux-mêmes de plus en plus exposés au risque de poursuites et même de radiation du barreau ; les membres de familles de détenus sont donc souvent contraints d’agir comme des avocats publics. En raison de la censure et des restrictions concernant la correspondance, ils deviennent souvent dans la pratique le seul lien entre leurs proches derrière les barreaux, et le monde extérieur.

Les autorités exercent des représailles contre les membres de la famille par le biais de perquisitions arbitraires, de détention, d’interrogatoires et d'autres formes de harcèlement. Plus tôt ce mois-ci, les autorités ont arrêté Vadim Zheromsky, le mari d'une autre prisonnière politique, Marfa Rabkova, pour la deuxième fois ; c’etait le jour de l'anniversaire de Marfa. Avant sa condamnation, Daria Losik a déclaré avoir été suivie par des membres des forces de l'ordre, et a découvert que sa voiture était sur écoute.

Au cours de son procès, Daria a souligné que toute sa famille, y compris sa fille, était punie avec elle. Sa condamnation envoie un signal effrayant aux membres des familles d'autres prisonniers politiques. Les autorités devraient mettre fin à ces tactiques répressives et dénuées de fondement juridiques.

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