La semaine dernière, je me suis entretenue avec Zarmina Ahadi, 21 ans, qui venait de terminer son quatrième semestre à l'Université de Kaboul. Face à la répression implacable des droits des femmes par les talibans, Zarmina et d’autres étudiantes craignaient qu'il n'y aurait plus de cinquième semestre pour elles. Des rumeurs circulaient sur l’imminence d’une décision interdisant l’accès des femmes aux universités. Zarmina m’a confié : « Je crains que ce moment ne soit venu, ils s'en prennent à nous maintenant. » Elle avait raison. Mardi, les talibans ont annoncé l'interdiction pour les femmes de fréquenter les universités « jusqu'à nouvel ordre », une utilisation trompeuse de cette expression par les talibans afin d’atténuer l'indignation publique et internationale auxquels ils s’attendaient. Compte tenu de précédents exemples, nous savons pourtant ce que cette expression signifie réellement.
Aller à l'université offrait à Zarmina et à de nombreuses autres jeunes femmes afghanes une fragile lueur d'espoir, qui a maintenant disparu.
Malgré le harcèlement, l'intimidation, les restrictions, les salles de classe séparées selon le genre, les difficultés financières et les codes vestimentaires imposés, Zarmina et ses camarades de classe persistaient dans leur volonté de poursuivre leurs études. « Nous avons travaillé dur pour convaincre nos familles, nous portions des hijabs noirs et compromettions d’autres choix afin que les portes des universités restent ouvertes aux femmes », a-t-elle déclaré. « Nous avons accepté les circonstances difficiles et essayé de faire au mieux avec ce dont nous disposions, mais cela ne dépend plus de nous. Ce sont les talibans qui devraient changer leur comportement. » Cependant, les talibans ne semblent pas très intéressés par un tel changement.
Cela fait déjà 457 jours que l'attitude des talibans envers l'éducation des femmes et des filles empêche les adolescentes d'aller à l'école. La nouvelle interdiction est honteusement misogyne, mais en réalité, le cycle de l'éducation était déjà rompu lorsque les talibans ont interdit aux adolescentes de fréquenter l'école secondaire. Ce décret garantissait qu'il n'y aurait plus de jeunes femmes diplômées du secondaire dans les années à venir, et donc pas de possibilité pour les jeunes femmes afghanes d'aller à l’université. Ce préjudice est donc profondément ancré, et difficile à réparer.
Les talibans devraient immédiatement annuler le décret interdisant aux femmes de fréquenter les universités, et rouvrir les portes des écoles secondaires pour les filles afghanes. Les pays donateurs soutenant l'Afghanistan et la communauté internationale devraient convaincre les talibans du préjudice durable que de telles décisions ont non seulement pour les femmes et les filles de ce pays, mais pour tous les Afghans. Zarmina et ses camarades ne devraient pas avoir à attendre « jusqu'à nouvel ordre ».
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