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Mines antipersonnel : Renforcer le soutien au traité interdisant ces armes

Un rapport mondial signale l’utilisation récente de ces armes par des gouvernements et des groupes armés

Des membres d'une unité spéciale de déminage du Service national d'urgence d'Ukraine examinaient une zone suspectée d’être contaminée par des mines terrestres à Horenka, dans l'oblast de Kyiv, le 27 mai 2022. © 2022 Maxym Marusenko/NurPhoto via Getty Images.

(Genève, le 17 novembre 2022) – Les gouvernements devraient réaffirmer leur soutien au traité international interdisant les mines terrestres antipersonnela déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, à l’occasion de la publication du rapport annuel Landmine Monitor (« Observatoire des mines »). Les pays qui n’ont pas encore ratifié ce traité datant de 1997 devraient le faire sans tarder.

Le rapport Landmine Monitor 2022, qui compte 122 pages, est publié par la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL), la coalition mondiale d’organisations non gouvernementales dirigée par Human Rights Watch et co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 1997. Ce rapport sera rendu public lors de la réunion annuelle des États parties à la Convention sur l’interdiction des mines, qui se tiendra au siège des Nations Unies à Genève du 21 au 25 novembre 2022.

« La Convention sur l'interdiction des mines a eu un énorme impact au niveau mondial depuis 25 ans, en stigmatisant les mines antipersonnel et en fournissant un cadre d’action en vue de leur élimination », a déclaré Mary Wareham, directrice du plaidoyer auprès de la division Armes de Human Rights Watch et l’une des rédactrices en chef du rapport Landmine Monitor 2022. « Il faut aujourd’hui redoubler d’efforts pour s’assurer que ce traité puisse permette d’atteindre l’objectif d’un monde débarrassé des mines antipersonnel, car nous en sommes encore loin. »

Les mines antipersonnel sont des engins explosifs qui tuent et mutilent des personnes longtemps après la fin des conflits. Elles sont enterrées, dissimulées sur le sol ou placées au-dessus, et explosent quand une personne s’en approche ou entre en contact avec elles. Elles ne font pas de distinction entre un soldat et un civil. Les mines antipersonnel sont généralement mises en place manuellement mais elles peuvent aussi être larguées par des avions, ou à l’aide de roquettes et d’obus d’artillerie, ou dispersées à partir de véhicules spécialisés. Les mines terrestres non explosées et laissées sur place provoquent des déplacements de populations, entravent la livraison d’aide humanitaire et empêchent les activités agricoles.

La Convention sur l'interdiction des mines, adoptée en septembre 1997, interdit totalement les mines antipersonnel et exige que les pays détruisent leurs stocks, déminent les zones affectées et portent assistance aux victimes. Au total, 164 pays sont parties au traité, dont tous les membres de l’OTAN à l’exception des États-Unis. Mais en juin, le président Joe Biden a fixé pour les États-Unis l’objectif d’adhérer enfin a ce traité, et a mis la politique américaine en conformité avec la plupart des principales clauses d’interdiction du traité.

« Les mines antipersonnel sont des armes inacceptables qui ne devraient être utilisées en aucune circonstance, car elles causent des souffrances humaines, non seulement dans l’immédiat mais aussi sur le long terme », a affirmé Mary Wareham. « Les gains militaires quelconques obtenus par l’utilisation de mines antipersonnel sont largement éclipsés par les dommages humanitaires durables qu’elles causent. »

Deux pays ont utilisé des mines antipersonnel en 2022. Les forces armées du Myanmar y ont eu recours constamment depuis 1999. Lors de l’année écoulée, elles ont accru leur utilisation de manière significative en en plaçant à proximité d’infrastructures comme les tours de transmission de téléphonie mobile. Et la Russie a utilisé des mines terrestres antipersonnel à de nombreuses reprises en Ukraine depuis le début de son invasion de ce pays le 24 février, créant une situation sans précédent dans laquelle un pays qui n’est pas partie à la Convention sur l’interdiction des mines utilise cette arme sur le territoire d’un pays qui est, lui, partie au traité.

Des groupes armés non étatiques ont récemment utilisé des mines antipersonnel en Colombie, en Inde, au Myanmar, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo. Cette nouvelle utilisation par des groupes armés a consisté essentiellement en des engins explosifs activés par les victimes et de nature improvisée car fabriqués à l’aide de matériaux disponibles localement. La Convention sur l’interdiction des mines interdit tous les engins explosifs activés par les victimes, qu’ils soient improvisés à partir de matériaux locaux ou produits dans une usine.

Le rapport Landmine Monitor 2022 établit également que :

  • Au moins 117 350 mines antipersonnel ont été enlevées et détruites dans le monde en 2021.
  • On a dénombré au moins 5 544 nouvelles victimes de mines terrestres et de débris de guerre explosifs dans 47 pays au cours de l’année 2021, dont 2 182 morts.
  • La Syrie a été le pays le plus touché avec 1 227 nouvelles victimes de mines en 2021, suivie par l’Afghanistan, avec 1 074 nouvelles victimes ; et
  • Là où l’âge des victimes a été enregistré, la moitié des personnes tuées ou mutilées en 2021 étaient des enfants.

Au moins 12,7 milliards de dollars ont été dépensés pour soutenir les efforts de déminage et d’autres activités relatives aux mines depuis l’adoption du traité les interdisant. En 2021, 32 pays donateurs ont fourni un total de 543,5 millions de dollars pour financer les actions relatives au déminage dans 42 pays affectés. Mais 2021 a été la quatrième année consécutive lors de laquelle ce soutien international a diminué.

Depuis l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des mines le 1er mars 1999, 30 États parties ont achevé l’élimination de toutes les mines antipersonnel de leur territoire. Au moins 60 pays et autres zones sont toujours contaminés par des mines antipersonnel. Lors de la troisième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des mines en 2014, réunion qui se tient tous les cinq ans, les États membres se sont engagés « à déminer toutes les zones affectées le plus tôt possible, au maximum d’ici à 2025 ». La plupart de ces pays affectés par des mines ont des dates butoir qui les obligent à achever leurs opérations de déminage au plus tard en 2025, mais seul un petit nombre d’entre eux semble en mesure d’y parvenir.

En vertu de la Convention sur l’interdiction des mines, 94 États parties ont détruit un total de plus de 55 millions de mines antipersonnel de leurs stocks. Le Sri Lanka a achevé la destruction de ses stocks de mines en 2021. La Grèce et l’Ukraine sont toutes deux en violation du traité après avoir à plusieurs reprises raté les dates butoir associées à la destruction de leurs stocks.

« Il faudrait faire beaucoup plus pour assurer une meilleure réponse aux besoins des victimes de mines et des communautés affectées par les mines », a conclu Mary Wareham. « Avec des ressources et une volonté politique adéquates, la Convention sur l’interdiction des mines peut permettre d’atteindre l’objectif de mettre fin aux pertes civiles et aux souffrances humaines causées par les mines antipersonnel. »

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