Jan Schakowsky, représentante des États-Unis, et 14 autres membres du Congrès ont envoyé une lettre au président de la FIFA, Gianni Infantino, pour demander des réparations pour les travailleurs migrants au Qatar en prévision de la Coupe du Monde 2022, qui doit débuter le 21 novembre.
La lettre, datée du 29 septembre, a été rédigée en soutien aux travailleurs migrants qui ont subi des abus et qui pour certains sont même morts pendant la construction des infrastructures de cette Coupe du Monde. « Nous nous tenons aux côtés des travailleurs », affirme cette lettre, « et nous nous joignons aux défenseurs des droits du travail et des droits humains dans le monde entier pour demander à la FIFA de créer un fonds de compensation pour les travailleurs, soutenu par un centre pour les travailleurs migrants, avant le premier coup de sifflet de la compétition ».
Le 11 octobre, plus de 120 parlementaires français ont signé une pétition demandant à la FIFA, l’instance dirigeante du football mondial, « de mettre en place, dans les meilleurs délais, un fond minimal de 440 millions de dollars, afin de pouvoir indemniser tous les travailleurs, ou leurs familles, qui ont participé à la préparation de la Coupe du Monde 2022 et dont les droits fondamentaux ont été bafoués ».
Ces hommes politiques viennent s’ajouter à une liste croissante de personnes qui soutiennent la campagne #PayUpFIFA. D’anciens joueurs de premier plan, quatre sponsors, plusieurs associations nationales de football qualifiées pour la Coupe du Monde ainsi que des supporters du monde entier figurent aussi sur cette liste. La Fédération française de football a récemment apporté son soutien à cet appel. Mais la Fédération américaine de football ne s’est pas encore prononcée, alors même qu’elle accueille la prochaine Coupe du Monde avec le Mexique et le Canada.
Les initiatives des parlementaires américains et français sont une piqure de rappel adressée à tous ceux qui ont du pouvoir et de l’influence sur la FIFA, pour qu’ils rompent leur silence et aillent au-delà de déclarations précautionneuses en demandant à la FIFA de payer et d’assumer ainsi ses responsabilités en matière de droits humains, conformément aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme et à la politique adoptée par la FIFA elle-même en matière de droits humains.
Des recherches menées récemment par Human Rights Watch ont révélé que si le Qatar a adopté plusieurs réformes dans ce domaine ces dernières années, les retombées ont été limitées en raison de leur introduction tardive, de l’étroitesse de leur portée ou de la faiblesse de leur mise en œuvre. Par conséquent, les violations des droits humains non indemnisées au Qatar depuis 2010, date à laquelle le pays s’est vu attribuer le droit d’accueillir la Coupe du Monde, sont d’une ampleur considérable qui doit être réparée.
À moins de 40 jours du coup d’envoi et du commencement des célébrations, et au lieu de répéter que cette Coupe du Monde sera la « meilleure de tous les temps », la FIFA devrait se préoccuper de remédier aux coûts énormes – notamment humains – engendrés par cette compétition.