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Jeux Olympiques : Le CIO donne suite aux appels en faveur des droits humains

Le Comité devrait maintenant consulter les acteurs concernés et intégrer le respect des droits humains dans la Charte olympique

Un drapeau olympique, montrant les cinq anneaux des JO sur fond blanc, flottait devant l'entrée du siège du Comité international olympique (CIO) à Lausanne, en Suisse, le 23 mars 2020. © 2020 Jean-Christophe Bott/Keystone via AP

(Nyon, le 7 juin 2022) –Le rapport d’étape du Comité international olympique (CIO) concernant son projet de cadre stratégique en matière de droits humains, rendu public le 20 mai 2022, représente une importante avancée vers l’adoption de ce cadre dont le CIO a urgemment besoin, a déclaré aujourd’hui la Sport & Rights Alliance (« Alliance Sports et Droits »). Cette démarche fait suite à des décennies d’appels de la société civile et répond à plusieurs demandes de longue date d’organisations non gouvernementales et de syndicats.

« Le Comité international olympique devrait immédiatement adopter ce cadre afin d’ancrer les droits humains au sein de ses diverses opérations, et ajouter la protection et le respect de ces droits à la Charte olympique en tant que principe fondamental », a déclaré Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales au sein de Human Rights Watch. « Bien que tardive, cette mesure est d’une importance cruciale. Elle atteste de ce qui est possible de faire lorsque des athlètes, des militants, des supporters, des journalistes, des travailleurs et des communautés unissent leurs forces pour faire bouger les choses. »

Le rapport d’étape du CIO reconnaît sa responsabilité de respecter les droits humains, et s’engage à « utiliser les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme des Nations Unies comme document de référence ». Le CIO a aussi annoncé sa volonté de « modifier la Charte olympique […] pour préciser [ses] responsabilités en matière de droits humains ». Le CIO a également mis l’accent, à juste titre, sur les problématiques de droits les plus importantes, telles que l’égalité et la non-discrimination, la sécurité et le bien-être, les moyens de subsistance et le travail décent, la voix – y compris la liberté d’expression, d’association et de réunion, et la représentation véritable – et la vie privée.

« Le rapport du CIO a raison de dire que les athlètes sont au cœur même du sport et que la stratégie du Comité en matière de droits humains doit leur être favorable », a déclaré Brendan Schwab, le directeur exécutif de la World Players Association. « Cela signifie qu’il faut définir les droits des athlètes conformément au droit international, reconnaître qu’ils peuvent s’organiser et veiller à ce que des organes tels que le Tribunal arbitral du sport permettent aux athlètes de recourir à la justice en cas de violations de leurs droits. Le CIO a longtemps prétendu faire progresser les droits des athlètes sans respecter les normes internationales pertinentes. »

La Sport & Rights Alliance a identifié dans le document d’importantes lacunes qui doivent être comblées dans le cadre stratégique final du CIO en matière de droits humains, dont le lancement est prévu en septembre 2022. Plus particulièrement, le CIO a omis de reconnaître les journalistes, les personnes handicapées, les spectateurs et les fans, ainsi que les minorités ethniques, comme des « populations particulièrement à risque ».

« Le chaos qui s’est déroulé autour de la finale de la Ligue des champions de l'UEFA à Paris montre clairement que le CIO doit également se pencher de plus près sur la manière dont les fans sont traités, en particulier lors des prochains Jeux de Paris en 2024 », a souligné Ronan Evain, le directeur exécutif de Football Supporters Europe. « Le mouvement olympique n’a pas d’audience sans spectateurs. Dans son rôle de chef de file du Mouvement olympique et de la gouvernance sportive mondiale, le CIO détermine dans quelles conditions les fans peuvent participer aux événements, où nous pouvons nous rendre, de quelle manière nous sommes traités, mais il a une fois de plus oublié que les fans aussi ont des droits. »

Eli Wolff, le directeur du Power of Sport Lab et cofondateur de Disability in Sport International, a déclaré que « [l]es personnes handicapées, qui constituent un groupe très touché dans le sport et dans la société, sont protégées et reconnues par les Nations Unies, notamment dans la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Celles-ci, qui représentent plus de 15 % de la population mondiale, doivent être reconnues dans le cadre des stratégies relatives aux droits humains et dans toutes les politiques d’égalité et de non-discrimination du Comité international olympique. »

D’après la Sport & Rights Alliance, les lacunes identifiées dans le rapport d’étape ne sont pas entièrement surprenantes, étant donné qu’il a été élaboré sans la contribution directe des représentants des personnes et des communautés concernées. L’engagement continu des parties prenantes est une exigence essentielle des Principes directeurs de l’ONU, dans l’identification et la hiérarchisation des risques pour les droits humains, lors de l’élaboration de stratégies d’atténuation efficaces, du suivi de son efficacité et de la lutte contre les violations.

Prenant note de l’engagement du CIO à « intégrer un engagement significatif avec les parties prenantes concernées » dans ses processus de diligence raisonnable en cours, la Sport & Rights Alliance souligne la nécessité que cela débute dès que possible. En tant qu’organisation dirigeante du sport mondial, le CIO devrait également inclure une représentation des parties prenantes dans ses structures de gouvernance afin de garantir que la voix et l’expérience vécue des personnes affectées soient prises en compte dans l’ensemble des processus décisionnels.

« Compte tenu de la date de lancement déclarée de septembre 2022, le CIO devrait immédiatement inviter des représentants de tous les groupes concernés – notamment les spectateurs, les journalistes, les enfants, les survivants, les athlètes, la communauté LGBTQI+ et les personnes handicapées – à des consultations significatives et continues pour les étapes suivantes », a préconisé Andrea Florence, la directrice par intérim de la Sport & Rights Alliance. « Ce n’est qu’avec la participation en toute transparence des personnes et des communautés directement affectées par les processus de prise de décision que le CIO comprendra réellement comment prévenir et traiter les atteintes aux droits humains résultant de ses activités. »

Depuis que les principes directeurs de l’ONU ont été approuvés à l’unanimité par ses États membres en 2011, le CIO a résisté aux pressions de la société civile pour adopter les droits humains dans l’ensemble de ses activités et s’engager efficacement avec les représentants des personnes et des communautés affectées, tout en attribuant les Jeux olympiques à des nations où la situation des droits humains est médiocre ou se détériore.

Les membres de Sport & Rights Alliance s’entretiennent de longue date avec les dirigeants olympiques pour demander instamment au CIO d’adopter un cadre de référence en matière de droits humains, d’accepter leur responsabilité de chercher à prévenir et à résoudre les violations liées au Mouvement olympique, et d’atténuer et de réparer les atteintes causées ou auxquelles le Comité contribue directement. Le CIO devrait également se servir de son pouvoir considérable pour contribuer à l’amélioration de la situation des droits humains dans certains pays hôtes, notamment la Chine, le Brésil, la Russie, le Belarus et le Japon, où elle est souvent consternante.

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