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Des données satellite laissent craindre que l’armée du Myanmar n’incendie des villes

Image satellite de la ville de Thantlang (État de Chin) dans le nord-ouest du Myanmar, enregistrée le 29 octobre 2021. Les carrés de couleur orange et rouges dénotent des anomalies thermiques : de très fortes chaleurs due à des incendies dans ces zones.   © 2021 NASA FIRMS

De nouvelles données satellite analysées par Human Rights Watch corroborent des photos et des vidéos diffusées en provenance de l’État de Chin, au Myanmar, montrant des villes à nouveau en feu.

Human Rights Watch a examiné des anomalies thermiques collectées par un capteur satellite environnemental (VIIRS) qui a détecté la présence de plusieurs incendies en cours dans la ville de Thantlang, dans l’État de Chin situé dans le nord-ouest du Myanmar. Ces anomalies thermiques ont été détectées pour la première fois le 29 octobre à 12h29, heure locale. Les analyses concordent avec les informations faisant état d’incendies brûlant des bâtiments pendant la journée, illustrées par des photos et des vidéos diffusées par les médias et les organisations de défense des droits humains. Plus de 12 heures plus tard, des anomalies thermiques supplémentaires ont également été détectées, correspondant à des informations faisant état d’incendies nocturnes.

Le porte-parole de l’armée, le général Zaw Min Tun, a soutenu que des combattants du groupe armé Chinland Defense Force (CDF) avaient incendié des maisons à Thantlang en se retirant de cette zone, après des affrontements avec des soldats ; il n’a toutefois pas fourni de preuve à cet égard. Le média Myanmar Now a cité un porte-parole de Chinland Defense Force qui a au contraire blâmé l’armée pour ces dégâts, affirmant que les soldats incendiaient les maisons « sans raison ». L’armée birmane a un passif considérable d’incendies criminels généralisés, comme ceux qui visaient les villages rohingyas de l’État de Rakhine en 2012, 2016 et 2017, et a fait des déclarations similaires à plusieurs reprises auparavant pour rejeter la responsabilité de tels actes sur d’autres parties.

La ville de Thantlang est presque complètement inhabitée depuis septembre, après la fuite d’une grande partie de sa population, estimée à environ 10 000 personnes. Ces habitants ont fui vers d’autres parties de l’État de Chin en raison des combats en cours entre l’armée et les milices anti-junte qui font partie d’un réseau croissant de « Forces de défense populaires » (« People’s Defense Forces ») Certaines parties de la ville auraient déjà subi des dégâts considérables.

Le 29 octobre, l’organisation humanitaire internationale Save the Children a publié une déclaration indiquant que son bureau de Thantlang avait été endommagé. Elle y fait part de ses inquiétudes quant au risque que les incendies « détruisent toute la ville et les foyers de milliers de familles et d’enfants ».

Les lois de la guerre applicables aux conflits armés dans les zones peuplées de minorités ethniques au Myanmar interdisent les attaques délibérées, aveugles et disproportionnées à l’encontre des civils et des biens civils. La destruction intentionnelle de biens civils non utilisés à des fins militaires viole les lois de la guerre et peut constituer un crime de guerre. Une enquête crédible et impartiale sur les crimes de guerre présumés est nécessaire de toute urgence, et les responsables doivent répondre de leurs actes.

Les gouvernements américain et suédois ont condamné les attaques perpétrées contre Thantlang. Mais les États et l’ONU devraient exiger que les agences humanitaires aient un accès sans entrave pour fournir de l’aide aux communautés touchées, demander que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) soit autorisé à enquêter sur place et imposer des sanctions coordonnées aux auteurs d’abus.

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