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Bélarus: Des groupes internationaux de défense des droits humains demandent la libération des membres de Viasna

23 ONG dont Human Rights Watch lancent la campagne #FreeViasna

Aux Pays-Bas, le 7 août 2021, ce manifestant tenait une pancarte demandant la libération de personnes détenues arbitrairement au Bélarus après avoir protesté contre le président Alexandre Loukachenko, et dont les noms sont inscrits sur la pancarte. © 2021 Charles M Vella / SOPA Images/Sipa via AP Images

À l'occasion du premier anniversaire de la répression sans précédent dont a fait l'objet le Centre des droits humains Viasna ("Viasna") au Bélarus, 23 organisations internationales et bélarusses de défense des droits humains lancent une campagne pour demander la libération de sept membres de Viasna détenus et mettre en lumière le sort de centaines d'autres personnes, qui ont été poursuivies et emprisonnées uniquement pour avoir exercé leurs droits à la réunion pacifique et à la liberté d'expression.

« Aujourd'hui, cela fait un an que les autorités du Bélarus ont commencé leur chasse aux sorcières sans vergogne contre Viasna en plaçant arbitrairement en détention Marfa Rabkova, coordinatrice des bénévoles de Viasna. Dans les mois qui ont suivi, six autres membres de cette organisation de défense des droits humains ont été jetés derrière les barreaux et inculpés d'infractions pénales infondées pour avoir mené à bien leur action légitime en faveur des droits humains », ont déclaré les organisations.

Voici la liste des personnes détenues et des charges qui pèsent sur elles en vertu du Code pénal du Bélarus :

Marfa Rabkova, la coordinatrice du réseau de bénévoles de Viasna, a été placée en détention le 17 septembre 2020, et se trouve en détention provisoire depuis lors. Elle a été inculpée de "formation et autre préparation de personnes en vue de leur participation à des émeutes de masse", “d'incitation à la haine ou à la discorde raciale, nationale, religieuse ou autre haine sociale commise par un groupe" et “d'appartenance à une organisation criminelle" et risque jusqu'à 12 ans de prison.

Andrei Chepyuk, un bénévole de Viasna à Minsk, a été arrêté le 2 octobre 2020 et est accusé de "participation à des troubles de masse" et “d'appartenance à une organisation criminelle". Il risque jusqu'à sept ans d'emprisonnement.

Leanid Sudalenka, directeur de l'agence Homel de Viasna, a été arrêté alors qu'il se rendait à son bureau le 18 janvier 2021. Sudalenka avait fourni une assistance juridique à des dizaines d'habitants de la région de Homel qui avaient été arrêtés et inculpés pour leur participation aux manifestations postélectorales.

Tatsyana Lasitsa, une militante qui travaille bénévolement pour Viasna à Homel, a été arrêtée le 21 janvier 2021 et est accusée d'avoir "organisé ou participé à des actions collectives portant gravement atteinte à l'ordre public". Elle risque jusqu'à trois ans d'emprisonnement.

Une autre bénévole de la branche de Viasna à Homel, Maryia Tarasenka, a été arrêtée le 18 janvier 2021. Elle a été détenue pendant trois jours avant d'être libérée le 21 janvier 2021 après avoir accepté de signer un engagement à ne pas quitter le pays.

Les trois membres de la branche Homel de Viasna, Leanid Sudalenka, Tatsyana Lasitsa et Maryia Tarasenka, sont accusés “d'organisation, financement, formation et préparation d'actions portant gravement atteinte à l'ordre public et financement de telles activités", en vertu des parties 1 et 2 de l'article 342 du Code pénal. S'ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu'à trois ans d'emprisonnement.

Le 16 février 2021, les forces de l'ordre bélarusses ont fait une descente dans les succursales de Viasna à Minsk, Homel, Mahilyou, Vitsebsk, Brest et dans d'autres villes, ainsi qu'au domicile du personnel. En mars 2021, le Comité d'enquête du Bélarus, une agence chargée des enquêtes criminelles, a ouvert une enquête pénale sur les activités de Viasna en vertu de l'article 342 du Code pénal ("organisation et préparation d'actions portant gravement atteinte à l'ordre public ou participation active à de telles actions").

Enfin, le 14 juillet 2021, à la suite de perquisitions effectuées par les forces de l'ordre bélarusses dans plus d'une douzaine d'organisations majeures de la société civile et des droits humains, dont Viasna, Ales Bialiatski, président de Viasna, Valiantsin Stefanovich, membre du conseil d'administration de Viasna et vice-président de la Fédération internationale des droits humains, et Uladzimir Labkovich, avocat de Viasna, ont été placés en détention. Ils ont tous été inculpés en vertu de l'article 342 et de l'article 243(2) ("fraude fiscale"), qui prévoit une peine maximale de sept ans.

Réduction systématique au silence de la société civile

Les représailles contre Viasna ne sont qu'une partie d'une répression plus large de la société civile au Belarus. Rien que le 22 juillet 2021, le ministère de la Justice a ordonné la fermeture de 53 organisations. À l'heure actuelle, plus de 200 organisations de la société civile ont été fermées ou sont en passe de l'être.

«Le gouvernement d’Alexandre Loukachenko agresse ouvertement les manifestants pacifiques mais juge ceux qui les défendent en secret. Ses "procès" fictifs sont tenus à l'abri des regards, pour dissimuler les accusations absurdes, éviter les témoins publics et s'épargner un profond embarras. Les autorités font pression sur les avocats représentant les manifestants pacifiques pour qu'ils ne parlent pas, et les informations sont rares. Malgré tout, une chose dont nous pouvons être certains, c'est que ces sept défenseurs des droits humains sont innocents de toutes les accusations, et nous demandons leur libération immédiate et inconditionnelle », ont déclaré les organisations.

On craint qu'aucun des membres du personnel ou des bénévoles de Viasna ne bénéficie d'un procès équitable. Uladzimir Labkovich, par exemple, n'a pas eu accès à son avocat pendant plusieurs jours après sa détention. Les conditions de détention sont également préoccupantes, car la majorité des défenseurs des droits humains n'ont pas été autorisés à recevoir des appels téléphoniques ou des visites de membres de leur famille et leur correspondance est souvent bloquée.

La campagne conjointe #FreeViasna, qui demande la libération immédiate des sept Viasna, appelle les autorités du Bélarus à :

  • Se conformer pleinement à leurs obligations internationales en matière de droits humains en tant que partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, afin de respecter les droits à la liberté d'association, de réunion pacifique et d'expression de toutes les personnes au Bélarus.
  • Respecter et protéger pleinement le travail des défenseurs des droits humains et veiller à ce que chacun ait le droit de se plaindre des politiques et des actions de certains fonctionnaires et organes gouvernementaux et de proposer et de fournir une assistance juridique professionnellement qualifiée ou d'autres conseils pertinents et une assistance pour la défense des droits humains et des libertés fondamentales.
  • Conformément à ces obligations, libérer immédiatement et sans condition Marfa Rabkova, Andrei Chepyuk, Tatsyana Lasitsa, Leanid Sudalenka, Ales Bialatski, Valiantsin Stefanovich et Uladzimir Labkovich, abandonner les charges retenues contre eux, Maryia Tarasenka et d'autres employés et bénévoles de Viasna, et garantir leur droit à un recours pour persécution illégale.

Contexte

Fondée en 1996, Viasna est un groupe de défense des droits humains de premier plan au Bélarus. Elle a activement surveillé et documenté les violations des droits humains à la suite des élections présidentielles contestées d'août 2020. Tout au long de son existence, Viasna a été victime de harcèlement et d'ingérence de la part des autorités bélarusses. En 2003, les autorités ont radié l'organisation, et malgré de nombreuses tentatives de réenregistrement, Viasna a été contrainte de poursuivre son travail sans enregistrement officiel. En 2011, le président, Ales Bialiatski, a été condamné à quatre ans et demi de prison pour fraude fiscale et a purgé près de trois ans de sa peine avant d'être libéré dans le cadre d'une amnistie en 2014.

Organisations signataires

Amnesty International

Article 19

Barys Zvozskau Belarusian Human Rights House

Belarusian Helsinki Committee

Civil Rights Defenders

European Platform for Democratic Elections

FIDH

Freedom House

Front Line Defenders

Helsinki Foundation for Human Rights

Human Rights Centre Viasna

Human Rights House Foundation

Human Rights Watch

International Partnership for Human Rights

Libereco – Partnership for Human Rights

Netherlands Helsinki Committee

Norwegian Helsinki Committee

OMCT

Östgruppen - Swedish Initiative for Democracy and Human Rights

People In Need

Protection International

Reporters sans frontières (RSF)

Right Livelihood

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