Dans un contexte de nombreuses allégations d’abus commis par les talibans en Afghanistan, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies tiendra une session d'urgence ce mardi. Le Conseil devrait immédiatement mettre en place un mécanisme de surveillance qui soit le plus solide possible.
Même avant leur prise de contrôle de Kaboul le 15 août, les forces talibanes ont déjà commis des atrocités, notamment des exécutions sommaires de responsables gouvernementaux et de membres des forces de sécurité qu’ils avaient arrêtés. Depuis lors, à Kaboul, les talibans ont effectué des descentes dans des domiciles de journalistes et d’activistes, manifestement à la recherche de celles et ceux qui les ont critiqués dans le passé. À travers le pays, les talibans ont restreint l'éducation des filles et la capacité des femmes à travailler. Tout ceci fait suite à des années d'abus commis par toutes les parties au conflit dans ce pays.
La situation est si grave qu'elle a mené à la décision du Conseil des droits de l’homme de tenir une session spéciale, le 24 août. Il est essentiel que le CDH adopte une résolution créant un mécanisme international de surveillance et d’établissement des responsabilités, pour lutter contre les abus en cours.
Malheureusement, il y a des signes inquiétants que certains pays membres de l'ONU pourraient ne pas faire preuve du leadership nécessaire. Un texte rédigé par le Pakistan, en tant que principal pays membre de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) siégeant également au CDH, recommande la réponse la plus faible possible, sans enquête ni organe de contrôle. Ce texte recommande la discussion d’un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, mesure qui était déjà mandatée. Pour les militants afghans des droits humains et les défenseures des droits des femmes qui regardent avec horreur l'état de droit s'effondrer autour d'eux, ce projet de résolution est davantage une insulte qu'une réponse à la crise. Jusqu'à présent, aucun pays n'a pris l’initiative de plaider énergiquement pour la création d’un mécanisme de suivi solide.
Les gouvernements peuvent être préoccupés par la crise d'évacuation de personnes, visible à l'aéroport de Kaboul, ou préférer une approche d’attentisme tandis que les talibans consolident leur contrôle du pays. Toutefois, une action urgente est nécessaire. Ne pas agir maintenant, alors que les atrocités se multiplient, risquerait de ternir de manière indélébile la crédibilité du Conseil, non seulement en Afghanistan, mais dans d'autres crises des droits humains.
Le Conseil devrait immédiatement mettre en place un mécanisme crédible.
Le peuple afghan attend de l'ONU que cette organisation défende les droits humains. Le CDH, principal organe de l’ONU dans ce domaine, ne devrait pas l’abandonner.
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