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Au Cameroun, un leader séparatiste malade devrait recevoir les soins médicaux adéquats

Le prisonnier, Blaise Sevidzem Berinyuy, a subi un traitement dégradant dans un hôpital militaire.

 
La prison où était détenu, en mai 2020, le leader séparatiste Blaise Sevidzem Berinyuy (également connu sous le nom de Shufai), à Yaoundé, au Cameroun. Photo prise en février 2019. © Private

Après avoir été hospitalisé et malgré un état de santé critique, le leader séparatiste Blaise Sevidzem Berinyuy, également connu sous le nom de Shufai, a été à nouveau incarcéré dans une prison de haute sécurité à Yaoundé, au Cameroun, le 21 mai, manifestement suite aux pressions exercées sur le personnel médical par le chef du centre de détention. Le transfert de Shufai, qui souffre d’immunodépression, dans un établissement pénitentiaire surpeuplé où la transmission du Covid-19 est de nature à accroître les risques qui pèsent sur sa santé et su sa vie.

Le 16 mai, Shufai, l’un des dirigeants du groupe séparatiste « Gouvernement intérimaire d’Ambazonie », a été transféré de la prison à l’hôpital pour une maladie sans relation avec le Covid-19. Sa famille et ses avocats ont déclaré qu’il avait perdu connaissance et que sa santé s’était considérablement détériorée au cours des 10 derniers jours. Ils ont signalé que, le 19 mai, Shufai avait été menotté à son lit d’hôpital pour la nuit, bien qu’il soit à peine en état de bouger.

Les membres de la famille et les avocats de Shufai ont déclaré que le directeur de la prison s’était rendu à deux reprises à l’hôpital militaire pour le voir, exhortant le personnel médical à autoriser sa sortie, bien que son état demeure alarmant. Et ceci malgré les préoccupations relatives à la propagation de Covid-19 dans les prisons surpeuplées du Cameroun.

Shufai et neuf autres dirigeants du « gouvernement intérimaire d’Ambazonie » ont été arrêtés en janvier 2018 à Abuja, la capitale du Nigeria, et reconduits de force au Cameroun. Leur transfert extrajudiciaire a été dénoncé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), comme une violation du principe fondamental de non-refoulement. Le retour sous la contrainte des 10 dirigeants a également été jugé illégal par un tribunal nigérian en mars 2019. Les 10 dirigeants ont ensuite été placés en détention secrète dans un centre du Secrétariat d’État à la défense du Cameroun pendant six mois avant d’être transférés à la prison de haute sécurité de Yaoundé. Ils ont été accusés de terrorisme, de rébellion et de sécession, et condamnés à perpétuité devant un tribunal militaire le 20 août 2019, à la suite d’un procès profondément inéquitable.

Le Cameroun a une obligation fondamentale de traiter tous les détenus avec humanité et respect et, au moment où les autorités luttent contre la pandémie de Covid-19, elles devraient veiller à ce que tous les détenus puissent bénéficier des mesures telles que se laver régulièrement les mains régulier et un accès adéquat aux soins médicaux. Elles devraient également s’assurer que les détenus malades reçoivent les soins médicaux nécessaires et que leur santé ou leur vie ne soient pas davantage menacées par un risque accru d’infection au Covid-19.

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