(Abuja, le 4 mars 2020) - Les agences d'aide humanitaire ne sont pas en mesure de répondre efficacement à la crise dans le nord-est du Nigeria en raison de l'insécurité et des restrictions opérationnelles imposées par les autorités militaires et civiles, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Ces restrictions nuisent à l’indépendance des organisations humanitaires, ce qui les rend plus vulnérables face au risque d’attaques par le groupe armé Boko Haram.
La crise humanitaire dans les États de Borno, d’Adamawa et de Yobe, dans le nord-est du Nigeria, est parmi les plus graves du monde, avec 1,8 million de personnes déplacées à l'intérieur du pays et plus de 7 millions de personnes ayant urgemment besoin d'aide humanitaire depuis le début de la rébellion de Boko Haram il y a 10 ans.
« Les autorités nigérianes devraient veiller à ce que les agences humanitaires puissent fournir une aide rapide et efficace aux personnes touchées par le conflit », a déclaré Anietie Ewang, chercheuse sur le Nigeria à Human Rights Watch.
Depuis plusieurs années, les autorités militaires ont restreint l’accès des organisations humanitaires aux zones non contrôlées par le gouvernement, en vertu de la loi de 2013 sur la prévention du terrorisme.
Cependant, des travailleurs humanitaires ont expliqué à Human Rights Watch que de telles restrictions intensifiaient le risque d'enlèvements et d'exécutions auquel ils sont confrontés. En juillet 2019, des combattants d'une faction de Boko Haram ont enlevé six membres du personnel d'Action contre la faim, dont cinq ont été tués par la suite. Le 18 janvier 2020, des membres présumés de Boko Haram ont attaqué un centre de coordination humanitaire géré par les Nations Unies à Ngala, dans l'État de Borno. Au moins 20 personnes qui s’y trouvaient ont été tuées, selon les médias.
En 2019, douze travailleurs humanitaires ont été tués au Nigeria, soit le double du nombre de victimes en 2019. En août 2019, le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) au Nigeria a indiqué que 37 travailleurs humanitaires avaient été tués depuis le début du conflit en 2009.
Le 24 février 2020, le président nigérian Muhammadu Buhari a annoncé la création d’un Comité national de coordination humanitaire pour « superviser toutes les actions humanitaires » dans ce pays. Toutefois, il reste à voir si ceci facilitera l’accès des agences humanitaires aux zones durement touchées, ou les soumettra à davantage de contrôle gouvernemental et militaire, a observé Human Rights Watch.
Des restrictions excessives risquent d’aller à l'encontre du principe d'indépendance opérationnelle, l’un des quatre « principes humanitaires » définis par l’OCHA. En outre, le droit international humanitaire stipule que toutes les parties à des conflits armés « doivent autoriser et faciliter le passage rapide et sans encombre des secours humanitaires ».
Communiqué complet en anglais :
www.hrw.org/news/2020/03/04/nigeria-army-restrictions-stifling-aid-efforts
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— HRW en français (@hrw_fr) March 5, 2020