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Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU devrait renouveler la Commission d’enquête sur le Burundi

Point 4 dialogue interactif avec la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi

Plus tôt cette année, Human Rights Watch a rassemblé des informations sur les meurtres, viols, enlèvements, passages à tabac et actes d’intimidation à l’encontre d’opposants présumés commis par les services de sécurité du Burundi et des membres des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, dans les mois qui ont précédé le référendum constitutionnel du 17 mai. Dans son nouveau rapport, la Commission d’enquête a confirmé ces conclusions, et constaté de surcroît que des crimes contre l’humanité continuent d’être commis dans le pays. D’autre part, nos chercheurs viennent de rentrer d’Ouganda, où ils ont réalisé des entretiens avec des Burundais qui ont fui à la suite du référendum. Ces hommes et ces femmes ont témoigné de la persistance des passages à tabac, menaces et intimidations permanentes à l’encontre de tous ceux qui ont voté contre la modification de la constitution, et des personnes soupçonnées d’avoir donné la consigne de voter « non » à d’autres gens.

Dans sa déclaration inaugurale la semaine dernière, la Haut-Commissaire Michelle Bachelet a dénoncé les graves violations des droits humains qui continuent à être signalées dans le pays, et a mis l’accent en particulier sur le rôle croissant des Imbonerakure qui, affirme-t-elle, sont responsables de nombreux abus et jouent « désormais un rôle de maintien de l’ordre de plus en plus actif ». Depuis le début de la crise en 2015, nous avons rassemblé des informations sur les barrages routiers illégaux mis en place par les Imbonerakure, barrages qui leur permettent de frapper, emprisonner et arrêter des personnes qu’ils soupçonnent d’avoir des liens avec l’opposition. Nos dernières recherches, menées la semaine dernière, montrent que les Imbonerakure se montrent plus hardis que jamais pour châtier tous ceux qu’ils soupçonnent d’être contre le parti au pouvoir. Un homme qui a fui le pays juste après le référendum a raconté à nos chercheurs : « Les Imbonerakure ont plus de pouvoir que la police ».

Le Burundi a sapé les efforts du Conseil à maintes reprises, et témoigné d’un mépris systématique pour les droits humains et les mécanismes des droits humains. Par exemple, le Burundi a suspendu il y a deux ans la coopération qu’il entretenait depuis 25 ans avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, et a refusé de coopérer avec la Commission d’enquête, allant jusqu’à déclarer ses membres persona non grata pendant la session actuellement en cours. Il faut aussi souligner que le Burundi n’a pas coopéré avec la résolution du Conseil des droits de l’homme qu’il avait pourtant lui-même soutenue l’an passé, et que les trois experts de l’ONU chargés d’apporter une aide technique aux autorités burundaises ont été expulsés du pays.

Le Conseil des droits de l’homme ne devrait pas céder face à l’obstruction systématique du Burundi, qui ne fait que confirmer encore la nécessité d’une surveillance renforcée, et souligner l’importance d’un plein renouvellement de la Commission d’enquête à l’occasion de cette session, afin qu’elle puisse poursuivre son travail crucial d’enquête et ses efforts pour établir les responsabilités.

Nous réitérons de plus notre appel au Conseil, recommandant la suspension du Burundi de cet organe, tant qu’il n’y aura pas d’efforts sérieux de coopération et que des mesures significatives n’auront pas été prises pour endiguer les violations qui ont toujours cours. Le statut de membre s’accompagne d’obligations en matière de coopération, obligations non remplies par le Burundi.

Enfin, comment pourriez-vous être en mesure d’approfondir vos prochains travaux d’enquête sur les principaux responsables des abus actuellement commis au sein de la chaîne de commandement des forces de sécurité de l’État et des Imbonerakure ?

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