(Bruxelles) – L’Union européenne et ses États membres se sont trop souvent montrés prêts à négliger les droits humains en 2017, mais une approche davantage fondée sur des principes semble se profiler, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2018.
Tout au long d’une année dominée par les préoccupations relatives à l’influence des partis extrémistes populistes, Human Rights Watch a décrit les développements dans 10 pays membres de l’UE et au niveau de l’union dans les domaines de la migration et de l’asile, de la discrimination et de l’intolérance, du terrorisme et de la lutte contre le terrorisme, ainsi qu’en matière de politique étrangère de l’UE.
« Au cours de l’année 2017, il est apparu clairement que reléguer les droits humains au simple rang d’options au sein de l’Union européenne ne suffit pas pour vaincre les extrémistes populistes ni leurs idées », a relevé Benjamin Ward, directeur adjoint de la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch. « En revanche, le consensus croissant au sein des gouvernements et des organes de l’UE concernant la nécessite de réagir à l’offensive polonaise contre les droits humains et l’État de droit montre qu’une approche reposant sur les valeurs fondamentales de l’UE peut être efficace. »
#UE : Quelques chiffres 2017 parus dans le Rapport mondial 2018 de @hrw - Chapitre >> https://t.co/gWNysKGaxG pic.twitter.com/X44gtPu8b5
— HRW en français (@hrw_fr) January 18, 2018
Dans cette 28e édition annuelle de son Rapport mondial (version intégrale en anglais 643 pages - version abrégée en français 180 pages – PDF), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 90 pays. Dans son introduction au Rapport, le directeur exécutif Kenneth Roth observe que certains dirigeants politiques, prêts à défendre les principes des droits humains, ont démontré qu'il est possible de limiter l'impact des programmes populistes autoritaires. Lorsqu’ils ont pu s’appuyer sur une opinion publique mobilisée et des acteurs multilatéraux efficaces, ces dirigeants ont démontré que la montée des gouvernements hostiles aux droits humains n'a rien d'inéluctable.
L’UE et ses États membres ont redoublé d’efforts pour empêcher les arrivées de demandeurs d’asile et de migrants en situation irrégulière et pour déléguer la responsabilité du contrôle de la migration à des pays hors des frontières de l’union, notamment la Libye, exposant ainsi les personnes à des violations de leurs droits humains.
Bien qu’ils aient obtenu de moins bons résultats que prévu lors de certains scrutins organisés en Europe, les partis extrémistes populistes ont exercé une influence externe sur la politique européenne tout au long de l’année et ils ont fait leur entrée au parlement allemand.
D’ignobles attentats ont été perpétrés par des extrémistes en Belgique, en Espagne, en Finlande, en France, au Royaume-Uni et en Suède, revendiqués pour la plupart par l’État islamique (EI), causant au total la mort de plus de 60 personnes et faisant des centaines de blessés. Certaines mesures sécuritaires introduites ou renforcées pendant l’année ont porté atteinte aux droits humains, notamment une nouvelle directive de l’UE qui vise à combattre le terrorisme et ne prévoit pas de garanties suffisantes pour protéger la liberté d’expression, ainsi que des mesures qui posent problème dans certains pays de l’UE.
Le sentiment et la violence racistes, xénophobes et anti-musulmans ont persisté à travers toute l’Europe. Les musulmans ont fait face à une hostilité et une intolérance généralisées. Les actes antisémites, notamment les crimes haineux, demeurent extrêmement préoccupants.
La volonté de l’Union européenne de promouvoir les droits humains à travers son agenda de politique étrangère a souvent été mise à mal par d’autres intérêts, notamment la sécurité nationale, l’accès aux ressources naturelles, le contrôle de la migration et le manque de leadership du Service européen pour l’action extérieure dans le domaine des droits humains.
Les développements spécifiques à certains pays de l’UE mis en lumière par Human Rights Watch sont notamment la décision française d’incorporer dans le droit commun certains pouvoirs abusifs de l’état d’urgence ; les contraintes imposées par la Hongrie aux associations de défense des droits humains et aux universités indépendantes ; la mise en péril du système de contrepoids et de contrôle de l’exécutif en Pologne ; la crise persistante des demandeurs d’asile sur les îles grecques ; et l’incapacité du gouvernement britannique à garantir la protection des droits pendant le processus du Brexit.
----------------'Personne ne devrait être renvoyé de force en #Libye', affirme le directeur de HRW @KenRoth - par @TV5MONDE @afpfr @MarieWolfrom #migrants #Rights2018 https://t.co/rebFPkKIYN
— HRW en français (@hrw_fr) 18 janvier 2018