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Turquie : Les médias, les activistes et les opposants politiques menacés

L’état d’urgence a été prolongé et les pouvoirs présidentiels ont été renforcés

Une manifestation devant un tribunal d’Istanbul, en Turquie, en solidarité avec le personnel du quotidien d’opposition Cumhuriyet, poursuivi pour son soutien présumé à des organisations terroristes, le 24 juillet 2017. © 2017 Reuters
(Istanbul) – Au cours de l’année 2017, à l’issue d’un référendum très serré, la Turquie a accru les restrictions sur les media, les opposants politiques et les défenseurs des droits humains, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2018. La Turquie a également mis en place un système présidentiel qui n’est toutefois pas doté des mécanismes qui seraient requis pour contrer le risque d’abus de pouvoir par le Président. 

« À tous les niveaux, les contre-pouvoirs qui protègent les droits humains et l’état de droit en Turquie sont menacés » a déclaré Hugh Williamson, directeur de la division Europe et l’Asie centrale à Human Rights Watch. « Le mouvement en faveur d’un système présidentiel, l’état d’urgence permanent et les attaques contre les législateurs de l’opposition ont tous participé à l’affaiblissement du Parlement, les tribunaux se trouvent sous un contrôle gouvernemental encore plus serré, et la répression opérée sur les media et sur la société civile devient plus forte encore. »

Dans cette 28e édition annuelle de son Rapport mondial (version intégrale en anglais de 643 pages - version abrégée en français de 180 pages – PDF), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 90 pays. Dans son introduction au Rapport, le directeur exécutif Kenneth Roth observe que certains dirigeants politiques, prêts à défendre les principes des droits humains, ont démontré qu'il est possible de limiter l'impact des programmes populistes autoritaires. Lorsqu’ils ont pu s’appuyer sur une opinion publique mobilisée et des acteurs multilatéraux efficaces, ces dirigeants ont démontré que la montée des gouvernements hostiles aux droits humains n'a rien d'inéluctable.

Le gouvernement, dirigé par le Président Recep Tayyip Erdogan, a organisé un referendum constitutionnel au mois d’avril concernant les restrictions en matière de droits, comprenant celles imposées pendant un état d’urgence qui sévissait depuis neuf mois, portant atteinte à son impartialité. Les électeurs en faveur des changements l’ont emporté d’une courte voix.

Le gouvernement turc a exercé de très fortes pressions sur les tribunaux et procureurs généraux du pays. Des efforts légitimes engagés en vue de poursuivre les personnes responsables de la tentative de coup d’état de 2016 ont été sapés par une mauvaise utilisation croissante des lois en matière de contre-terrorisme. En 2017 débutaient plusieurs procès majeurs de journalistes, poursuivis en justice pour des motifs politiques, dont les chefs d’accusation étaient liés au terrorisme, et le gouvernement avait pour cible également les défenseurs des droits humains.

Taner Kilic, Président d’Amnesty International Turquie, est toujours en détention, poursuivi sous de fausses accusations pour appartenance à une organisation terroriste. Et Osman Kavala, homme d’affaires et chef de file de la société civile, est resté en détention préventive pour fausses allégations d’implication dans la tentative de coup d’état.

Au cours de l’année 2017 le gouvernement a intensifié ses violences à l’encontre de l’opposition politique kurde au sein du parlement, comme au sein du gouvernement local dans le sud-est du pays. Les membres du Parti Démocratique des Peuples (HDP), et le chef du parti, Selahattin Demirtas, sont restés emprisonnés pendant plus d’un an, dans l’attente du procès intenté pour des accusations de terrorisme. Le gouvernement a pris le pouvoir dans presque toutes les municipalités du sud-est, dépossédant les habitants de la région des représentants de leur choix.

Dans le cadre de l’état d’urgence, le gouvernement n’a pas réussi à offrir réparation aux plus de 100 000 fonctionnaires congédiés, ainsi qu’aux centaines d’organes de presse, d’associations et autres institutions définitivement fermées. Le chapitre couvre également le nombre croissant d’allégations de torture dans le cadre de la détention policière, les implications en matière de droits humains entraînées par le conflit permanent dans le sud-est du pays, le rôle de la Turquie en tant qu’hôte du plus grand nombre de réfugiés dans le monde et le rôle des droits humains dans ses relations avec la CE.

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Tweet (nov. 2018)

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