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Le Sénégal élargit l’accès aux soins palliatifs

D’autres pays d’Afrique francophone devraient s’inspirer de cet exemple

Une patiente atteinte de cancer s’accroche à une poignée de son lit, dans un hôpital de Dakar, lors d'une période de pénurie de morphine – qui aurait pu atténuer sa douleur – au Sénégal. © 2013 Angela Chung/Human Rights Watch

Il reste encore beaucoup à faire pour l’Afrique francophone dans le domaine des soins palliatifs et du soulagement de la douleur. Mais le Sénégal y travaille.

Une étude de 2012 a révélé que 16 des 22 pays d’Afrique francophone ne comptent aucun professionnel de santé spécialisé dans les soins palliatifs, axés sur le traitement de la douleur et l’amélioration de la qualité de vie. Pourtant, chaque année dans ces pays, 912 000 personnes environ, dont 214 000 enfants, nécessitent de tels soins. Ce chiffre va probablement croître.

Dans les pays disposant de ressources limitées, où les décès imputables au paludisme ou aux infections respiratoires sont courants, les soins palliatifs sont souvent perçus comme un luxe. Toutefois, notre travail au Sénégal aux côtés de partenaires locaux et du ministère de la Santé démontre que des progrès peuvent être accomplis.

En 2013, Human Rights Watch a constaté que seuls quelques hôpitaux de la capitale Dakar proposaient des soins palliatifs aux patients atteints de cancer en phase terminale. En outre, la quantité de morphine utilisée dans le pays était suffisante pour traiter à peine 179 patients atteints d’un cancer avancé ou du sida, bien qu’ils soient près de 70 000 à exiger des soins palliatifs chaque année.

A l’origine du problème, figurent l’absence de politique nationale, le manque de formation et de sensibilisation des personnels de santé et les difficultés liées à l’achat et aux ordonnances de morphine.

Depuis 2014, cependant, le gouvernement sénégalais a pris des mesures en vue d’améliorer l’accès aux soins palliatifs. Il a fait passer son estimation nationale de morphine de 1 180 grammes en 2012 à 40 329 grammes et commencé de fournir les hôpitaux publics en comprimés de morphine orale. Il a amendé la réglementation limitant les ordonnances de morphine à sept jours consécutifs – ce qui contraignait les patients en fin de vie à parcourir de longues distances pour obtenir de nouvelles ordonnances –, la faisant passer à 28 jours. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a travaillé avec le ministère pour former médecins, pharmaciens et agents de santé à l’administration de la morphine. L’hôpital disposant de la plus grande unité de cancérologie pour adultes dans le pays a recruté un spécialiste des soins palliatifs. Le ministère de la Santé a en outre coopéré avec Human Rights Watch dans le cadre d’une évaluation des besoins, dont les conclusions seront rendues publiques prochainement.

En dépit de ces progrès, il reste beaucoup à faire. La plupart des hôpitaux n’offrent pas de services de soins palliatifs aux patients incurables. La plupart des personnels de santé n’ont pas de formation aux soins palliatifs. Et la morphine n’est guère disponible en dehors de la capitale. Mais avec le leadership du ministère de la Santé, la pression de la société civile et le soutien d’acteurs internationaux comme l’OMS, des progrès significatifs pour relever ces défis sont à portée de main.

Nous espérons que d’autres pays d’Afrique de l’Ouest prendront également des mesures en ce sens.

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