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La France doit regarder en face les violations des droits humains par l'Azerbaïdjan

François Hollande devrait appeler à la libération des militants et des journalistes emprisonnés

Alors qu’il est en visite officielle à Paris cette semaine, le président autocratique de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev a déjà gagné au jeu des séances photos. Hier, les médias azerbaïdjanais ont diffusé des dizaines de photos d’Aliyev posant avec les dirigeants des plus grandes entreprises françaises, notamment Airbus, Suez et le Crédit Agricole.

Le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev (à gauche) serre la main de son homologue français François Hollande lors de la visite d'une école française locale en cours de construction à Bakou, le 11 mai 2014. © 2014 Reuters

François Hollande recevra le Président Aliyev aujourd’hui et l’accueillera à un dîner officiel au Palais de l'Elysée. Nouvelles séances photos en vue. Mais au milieu des flashs, on doit se demander comment la répression des voix critiques et l'emprisonnement des opposants en Azerbaïdjan peut être compatible avec la nouvelle relation entre Paris et Bakou.

Au cours des dernières années, les autorités azerbaïdjanaises s’en sont prises de manière agressive à une société civile alors dynamique, emprisonnant des dizaines d'activistes, de journalistes et d'opposants politiques. Elles ont également adopté une législation draconienne rendant pratiquement impossible l'action des organisations non gouvernementales indépendantes.

Il y a un an, alors que l'économie azerbaïdjanaise commençait à souffrir de la chute des prix du pétrole, plusieurs personnes qui avaient été détenues pour des motifs politiques ont été libérées. Cela a été un premier pas important, mais les espoirs de progrès ont été de courte À l’occasion de la visite en France du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, le président Hollande devrait appeler à la libération de prisonniers politiques comme Ilgar Mammadov, selon Philippe Dam, directeur du plaidoyer de la division Europe et Asie centrale a HRW.durée.

Beaucoup parmi ceux qui ont été libérés se heurtent encore à des interdictions de voyager ou à des obstacles entravant leurs activités. Des dizaines de personnes sont toujours incarcérées pour des raisons politiques, notamment le militant de l'opposition Ilgar Mammadov, en dépit des appels répétés à sa libération immédiate émis par le Conseil de l'Europe à Strasbourg. D’autres militants ont également été jetés en prison : récemment, Mehman Huseynov, l'un des journalistes et blogueurs les plus populaires du pays, a été condamné à deux ans de prison pour avoir prétendument diffamé la police, alors qu’il avait en fait dénoncé courageusement les exactions policières qu’il avait lui-même subies.

Lors de sa visite à Paris, à Bruxelles ou dans d'autres capitales européennes, le Président Aliyev espère obtenir davantage d'opportunités d'affaires et d'investissements en Azerbaïdjan. Mais il préfère ignorer que les habitants de son pays aspirent aux protections inhérentes aux droits humains, à la transparence et à une bonne gouvernance. Ceux qui défendent ces valeurs sont exposés à des attaques et au harcèlement de manière routinière.

Et pourtant, le message lancé par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) est on ne peut plus clair sur le fait que la répression ne doit pas être ignorée par les potentiels investisseurs : la semaine dernière, cette coalition internationale promouvant une meilleure gouvernance dans les pays riches en ressources naturelles, a pris une décision sans précédent en suspendant l’Azerbaïdjan en raison de ses actions contre la société civile. 

Le président Hollande devrait rejeter l’argumentation selon laquelle seules importent les questions financières et économiques en Azerbaïdjan. Les droits humains devraient figurer au cœur de la politique étrangère de la France, au même titre que d’autres sujets.

François Hollande devrait appeler publiquement à la libération d'Ilgar Mammadov et de tous les autres opposants détenus en représailles de leur activisme et de leurs critiques. Ne pas rappeler explicitement les principes des droits humains serait le pire message pour ceux qui languissent de manière injuste derrière les barreaux.

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