(Beyrouth, le 27 avril 2016) – Des attaques apparemment illégales menées par les forces gouvernementales et par des groupes armés dans la région d'Alep en Syrie ont tué au moins 89 civils depuis le 22 avril, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. En dépit de cette hausse de pertes civiles, les dirigeants occidentaux réunis à Hanovre, en Allemagne, le 25 avril ont omis de prendre des mesures adéquates face à la nécessité de protéger les civils en Syrie.
Les combats se sont intensifiés en Syrie au cours de la semaine dernière, alors que les négociations à Genève entre les diverses parties au conflit s’enlisaient. Selon les informations recueillies par Human Rights Watch, les récents décès de civils sont survenus lors d’attaques qui ne semblaient pas viser d’objectifs militaires.
« Face à la hausse des pertes civiles et de la situation de centaines de milliers de personnes qui cherchent à fuir la Syrie, les puissances étrangères devraient avant tout chercher à protéger la population civile à travers le pays », a déclaré Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU devraient notamment prendre des mesures fermes pour dissuader les parties au conflit de commettre de nouveaux abus, et pour mieux protéger les civils. »
Selon l’organisation Défense civile syrienne (Syrian Civil Defense), un groupe de bénévoles opérant à l'intérieur des zones d’Alep contrôlées par l’opposition ainsi que dans d'autres régions de la Syrie, des frappes aériennes menées par les forces gouvernementales ont tué au moins 89 civils et blessé 135 autres à Alep depuis le 22 avril. L'une des attaques les plus meurtrières a été menée le 24 avril vers midi contre un marché dans le quartier de Sakhour à Alep, tuant 17 civils selon des activistes locaux.
L'Observatoire syrien des droits humains estime que 60 civils, dont 10 femmes et 7 enfants, ont été tués au cours des trois journées du 22 au 24 avril.
Human Rights Watch a réitéré son appel au Conseil de sécurité des Nations Unies à suspendre toute vente d’armes et toute assistance militaire aux diverses forces impliquées dans des violations graves des droits humains en Syrie, d’adopter des sanctions ciblées à l’encontre de commandants dont les forces sont impliquées dans de tels abus ou qui sont eux-mêmes responsables d’abus; et d’engager un processus crédible afin de traduire en justice les auteurs de crimes, quel que soit leur camp. Human Rights Watch a également réitéré son appel au Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale de la situation en Syrie.
La résolution 2254 du Conseil de sécurité, adoptée le 18 décembre 2015, enjoint toutes ls parties au conflit en Syrie de « cesser immédiatement toutes les attaques contre des civils et des biens civils ».
Les attaques délibérées ou imprudentes contre des civils et des structures civiles commises avec une intention criminelle constituent des crimes de guerre, a rappelé Human Rights Watch.
Communiqué intégral en anglais :
www.hrw.org/news/2016/04/27/syria-civilian-deaths-rising-attacks-resume