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La réponse aux attaques de Paris, un test pour les pays occidentaux

Publié dans: Open Democracy
 
Des membres d’une unité de police antiterroriste procèdent à une fouille à Saint-Denis, dans la banlieue de Paris, le 18 novembre 2015, quelques heures après l’opération ayant visé un appartement hébergeant des personnes suspectées d’avoir participé aux attentats du 13 novembre. © 2015 Reuters / Christian Hartmann

Un moyen efficace pour les gouvernements occidentaux d’assurer la sécurité de leurs peuples est de faire pression en faveur de réformes fondamentales dans les pays où prospèrent des extrémistes armés, plutôt que de remettre en question la démocratie dans leurs propres pays.


La France n’avait pas imposé de pouvoirs d’urgence aussi étendus depuis la guerre d’Algérie il y a plus d’un demi-siècle. En à peine plus de deux semaines depuis les attaques de Paris, la police française a effectué nettement plus de 1 000 perquisitions dans tout le pays, enfonçant des portes, emmenant de nombreux suspects sans mandats, et recourant même aux nouvelles lois antiterroristes pour réprimer des manifestants contre le changement climatique.

En Belgique, où les attaques de Paris se sont tramées, le pays reste en état d’alerte, et le Premier ministre a proposé des mesures comme le port d’un bracelet électronique pour les jeunes dont les autorités craignent qu’ils ne se rendent en Syrie, et le contrôle des prêches des imams.

Au Royaume-Uni, où le Parlement est appelé à voter cette semaine sur le déclenchement de frappes aériennes contre le groupe armé extrémiste État islamique en Syrie, les crimes haineux contre des musulmans sont en augmentation. Aux États-Unis, les appels se multiplient en faveur de l’interdiction du cryptage de données et du refus des réfugiés syriens. Le nouveau gouvernement libéral canadien accueillera des Syriens, mais seulement s’il ne s’agit pas d’hommes hétérosexuels en âge de combattre.

Les réponses aux attaques de Paris, qu’elles soient basées sur l’État de droit ou qu’elles se réduisent au plus bas dénominateur commun — comme l’appel de Donald Trump à rétablir la forme de torture consistant en un simulacre de noyade connue sous le nom de waterboarding — constitueront des tests pour les principales démocraties.

Le désir de répondre énergiquement est naturel ; les gouvernements ont la responsabilité d’assurer la sécurité de leurs peuples. Mais si des mesures de protection supplémentaires peuvent s’avérer nécessaires, il est particulièrement important de ne pas laisser les réactions basculer du côté obscur comme cela a été le cas après les attaques du 11 septembre 2001.

Cibler de façon arbitraire des musulmans, limiter de façon disproportionnée la liberté de mouvement, de religion et d’expression, et porter atteinte à l’État de droit ne feront que nourrir le discours de recrutement de l’État islamique. Cela permet également à d’autres gouvernements de justifier plus facilement des abus au nom de la sécurité.

Alors qu’elles envisagent les réactions, la France, les États-Unis et d’autres démocraties feraient bien de tenir compte du dernier Indice du terrorisme mondial, un rapport annuel publié par l’Institute of Economics & Peace. Ce rapport définit le terrorisme comme « l’utilisation, ou la menace d’utilisation, de la force illégale et de la violence par un acteur non étatique pour atteindre un objectif politique, religieux, économique ou social par la peur, la contrainte ou l’intimidation. »

L’Indice montre que malgré une montée mondiale préoccupante du terrorisme au cours des quinze dernières années, les attaques contre l’Occident demeurent excessivement rares. De fait, le rapport indique que les 37 personnes tuées lors d’attaques terroristes dans 38 pays occidentaux l’année dernière représentaient seulement 0,1 % des victimes au niveau mondial. Même si le coût en vies humaines sera plus élevé cette année, il restera probablement une minuscule fraction du total. 

À l’échelle mondiale, le nombre de victimes de toutes les formes de meurtre est treize fois plus élevé que celui des victimes d’attaques terroristes, et les pertes économiques dues aux crimes violents sont 32 fois plus importantes, selon le rapport. Dans certaines démocraties, comme le Royaume-Uni, aucune personne n’a été tuée dans des attaques terroristes l’année dernière (contre 1 730 personnes tuées chaque année sur les routes britanniques).

L’indice du terrorisme indique également que la plupart des attaques en Occident au cours des huit dernières années ont été l’œuvre de fanatiques d’extrême-droite, de nationalistes, racistes et autres sans aucun lien avec l’extrémisme islamiste armé. L’EI, qui a revendiqué la responsabilité des attaques de Paris, n’a pas non plus été le groupe armé extrémiste le plus meurtrier ; cette distinction douteuse est revenue au groupe armé affilié Boko Haram, basé au Nigeria.

Les gouvernements occidentaux devraient en outre prêter une attention particulière aux conclusions du rapport, selon lesquelles les pays présentant les taux les plus élevés de violence terroriste — notamment la Syrie, l’Irak, le Nigeria, le Pakistan et l’Afghanistan — sont ravagés par des abus gouvernementaux tels que la corruption, les exécutions sommaires, les emprisonnements politiques, la torture, ainsi que les discriminations ethniques et religieuses. 

Cela indique qu’un moyen efficace pour les gouvernements occidentaux d’assurer la sécurité de leurs peuples est de faire pression en faveur de réformes fondamentales dans les pays où prospèrent des extrémistes armés, plutôt que de remettre en question la démocratie dans leurs propres pays.

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