(Beyrouth, le 15 mars 2015) - Des bombes à sous-munitions ont été utilisées contre deux sites en Libye depuis le mois de décembre 2014, malgré l’interdiction de ces armes par un traité international, selon des éléments de preuves crédibles recueillis par Human Rights Watch.
Des fragments de bombes à sous-munitions de type RBK-250 PTAB 2.5M ont été trouvés à Bin Jawad en février 2015 et à Syrte en mars 2015, selon des témoignages recueillis par téléphone, corroborés par l’analyse de photos examinées par Human Rights Watch. Le bon état de la peinture sur la partie extérieure des débris malgré l’exposition aux intempéries suggère fortement qu’il s’agit d’attaques récentes. L’armée de l’air libyenne a récemment bombardé ces deux endroits, mais a nié avoir utilisé des bombes à sous-munitions. Il n’est pas possible de déterminer l’origine exacte des tirs, sur la base des preuves disponibles.
« Ces nouvelles preuves du recours aux bombes à sous-munitions en Libye sont extrêmement préoccupantes », a déclaré Steve Goose, directeur de la division Armes à Human Rights Watch et président de la Coalition contre les armes à sous-munitions (CMC). « Les autorités libyennes devraient enquêter sur ces incidents et interdire à leurs forces d’utiliser ces armes létales. »
Depuis mai 2014, suite aux combats qui ont déchiré le pays, la Libye est dirigée par deux gouvernements rivaux: un gouvernement basé dans l'est du pays et reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement auto-proclamé basé à Tripoli, dans l’ouest du pays, soutenu par une coalition de milices dénommée « Aube de la Libye ».
Le 11 mars, Human Rights Watch s’est entretenu par téléphone avec le général Saqr al-Jerroushi, commandant de l’armée de l’air libyenne du gouvernement reconnu par la communauté internationale. Le général a reconnu que ses forces avaient mené des frappes aériennes en février et mars à Ben Jawad, à Syrte, à Watiya et ailleurs en Syrte, mais a nié tout recours aux bombes à sous-munitions.
L'utilisation de bombes à sous-munitions dans des zones peuplées, comme Syrte, constitue une violation des lois de la guerre en raison du caractère aveugle de ces armes. Ces bombes contiennent des dizaines voire des centaines de mini-bombes appelées sous-munitions, qui sont elles-mêmes larguées et se répartissent au hasard sur une large superficie, de la taille d'un terrain de football, risquant de tuer ou blesser toute personne – combattant ou civil – se trouvant dans cette zone. De nombreuses sous-munitions n’explosent pas au contact du sol ; ces ratés continuent de poser un grand risque puisqu’ils agissent alors comme des mines anti-personnel.
La Libye devrait selon Human Rights Watch adhérer à la Convention de 2008 sur les armes à sous-munitions, qui interdit l'utilisation de ces armes en toutes circonstances, À ce jour, 116 pays sont devenus des États parties à ce traité, qui exige aussi le démantèlement des fragments de sous-munitions non explosées ainsi que l’assistance aux victimes de ces armes. Human Rights Watch est un membre cofondateur de la Coalition contre les armes à sous-munitions (CMC) et préside actuellement ce groupe.
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