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Réponse de Human Rights Watch à la déclaration faite par S.E. Richard Muyej Mangez, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières de la RD Congo, lors de sa conférence de presse tenue à Kinshasa le 19 novembre 2014

Lors d'une conférence de presse tenue à Kinshasa le 19 novembre 2014, le ministre congolais de l'Intérieur, Richard Muyej Mangez, a réagi aux allégations des violations des droits humains commises pendant l'Opération Likofi, telles que documentées dans le rapport de Human Rights Watch intitulé « Opération Likofi: Meurtres et disparitions forcées aux mains de la police à Kinshasa » et rendu public le 18 novembre.

Lors de cette conférence de presse, M. Muyej a présenté deux individus dont il a affirmé qu'il s'agissait de personnes figurant sur deux photographies publiées dans le rapport, l'une d'elles étant identifiée comme ayant été tuée lors de l'Opération Likofi, et la seconde comme ayant été victime d'une disparition forcée. M. Muyej a également affirmé qu’un troisième homme, dont la photo a été publiée dans le rapport en tant que victime d’une autre disparition forcée, avait comparu devant un tribunal, puis jugé et remis en liberté. Cet individu n'était pas présent lors de la conférence de presse. M. Muyej a fourni les noms de ces trois individus aux médias.

Human Rights Watch a comparé les noms cités par M. Muyej à ceux des personnes figurant sur nos propres listes, mais qui n'avaient pas été publiés dans le rapport afin de protéger les familles des victimes. Or, il y a une divergence entre les noms. Les noms fournis à Human Rights Watch par les familles des victimes n'ont aucun rapport avec ceux qui ont été cités par M. Muyej. Ainsi, nous estimons que les individus présentés par Muyej ne figurent pas parmi les cas documentés par Human Rights Watch.

Human Rights Watch souhaiterait recueillir davantage d’informations auprès du gouvernement au sujet de ces trois individus, afin d’examiner leurs cas, et nous espérons obtenir l’autorisation du gouvernement pour mener des entretiens avec eux.

Human Rights Watch se réjouit de l'engagement de M. Muyej à poursuivre l'enquête du gouvernement sur les allégations de meurtres et de disparitions forcées commis par la police durant l'Opération Likofi, et à présenter les résultats des investigations du gouvernement d'ici à la fin de l'année. Nous appelons de nouveau à ce que la commission chargée de mener ces enquêtes soit renforcée par la participation de représentants de la société civile et d'observateurs internationaux, afin de mieux garantir son indépendance et la crédibilité de ses conclusions.

Human Rights Watch recommande l’ouverture d’enquêtes crédibles et impartiales sur l'Opération Likofi, afin que toutes les personnes qui se sont rendues responsables d'infractions criminelles puissent être jugées de manière équitable par des tribunaux dans le cadre de procédures conformes aux normes internationales en matière de procès équitables. Compte tenu de la gravité des abus présumés documentés dans notre rapport, Human Rights Watch estime que le principal commandant de l'Opération Likofi, le général Célestin Kanyama, devrait être suspendu dans l’attente des résultats d'une enquête judiciaire crédible.

Human Rights Watch soutient l'engagement du gouvernement congolais à lutter contre les crimes commis par les membres de gangs criminels dénommés « kulunas » à Kinshasa. Les kulunas ont commis de graves crimes et ont présenté une grave menace pour les habitants de la capitale. Les responsables de ces crimes devraient être arrêtés et dûment poursuivis en justice. Toutefois, lutter contre la criminalité en commettant d'autres crimes ne renforce pas l'État de droit. Cela ne fait qu'aggraver un climat d'angoisse. Les habitants de Kinshasa seraient mieux sécurisés par une force de police opérant de manière professionnelle dans le plus grand respect de la loi, et nous appuyons tous les efforts visant à atteindre cet objectif. 

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