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France : Il faut aborder la question des droits humains lors de la visite du président azerbaïdjanais

Le président Hollande devrait demander la libération de quatre militants emprisonnés

(Paris, le 22 octobre 2014) – Le président français François Hollande devrait exhorter son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev à remettre en liberté quatre défenseurs des droits humains emprisonnés injustement en Azerbaïdjan. Ces quatre militants sont parmi les dizaines de personnes qui ont été emprisonnées dans le cadre de la répression croissante exercée par le gouvernement azerbaïdjanais à l'encontre de ses détracteurs.

François Hollande doit rencontrer Ilham Aliyev à Paris le 27 octobre, à l'occasion d'un sommet organisé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur le conflit non résolu du Nagorno-Karabakh, une enclave autonome principalement peuplée de personnes appartenant à l’ethnie arménienne en Azerbaïdjan.

« Le président Hollande a une occasion précieuse d'aborder les questions relatives aux droits humains avec le président azerbaïdjanais, et il ne devrait pas la laisser passer », a déclaré Jean-Marie Fardeau, directeur France à Human Rights Watch. « Les chefs d'accusation retenus contre ces militants en Azerbaïdjan reposent sur des motivations politiques et la voix de François Hollande serait d'un grand secours pour aider à obtenir leur libération. »

Ces quatre militants – Leyla Yunus et son mari, Arif ; Intigam Aliyev; et Rasul Jafarov – sont parmi les plus éminents défenseurs des droits humains en Azerbaïdjan.

Dans une lettre adressée le 20 octobre au président Hollande, Human Rights Watch l'a prié instamment de réclamer à Ilham Aliyev la libération de ces quatre personnes avant sa visite en France.

Au cours des deux années et demi qui viennent de s'écouler, les autorités azerbaïdjanaises ont inculpé ou menacé d'inculper de chefs d'accusation manifestement fabriqués de toutes pièces des dizaines de militants indépendants ou affiliés à des partis politiques d'opposition, des journalistes, des blogueurs et des défenseurs des droits humains, dont la plupart sont maintenant derrière les barreaux. Avant leur arrestation, Leyla Yunus, Jafarov et Aliyev travaillaient ensemble à l'établissement d'une liste annotée de prisonniers politiques en Azerbaïdjan, dans l'intention de la présenter au Conseil de l'Europe et à d'autres institutions intergouvernementales.

« Alors qu'ils risquaient eux-mêmes d'être arrêtés, ces défenseurs des droits humains travaillaient pour la justice », a affirmé Jean-Marie Fardeau. « Le président Hollande devrait dire clairement à Ilham Aliyev que les relations de l’Azerbaïdjan avec la France ne peuvent se poursuivre comme si de rien n’était tant que ces quatre personnes restent derrière les barreaux et que la répression des voix indépendantes se poursuit. »

Le président Hollande et le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ont rencontré Leyla Yunus lors de leur visite à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, en mai. Leyla Yunus est Chevalier de la Légion d'honneur. Le Parlement européen l'avait inscrite sur une liste restreinte de candidats au Prix Sakharov 2014, qui récompense les plus éminents défenseurs des droits humains dans le monde, pour l'excellence de son action. Bien que le prix ait été attribué le 21 octobre à un médecin congolais, le Parlement européen a décidé d'envoyer à Bakou une délégation spéciale, composée de représentants de tous les groupes politiques qui y siègent, afin de « rencontrer et soutenir Leyla Yunus dans son combat pour la démocratie dans son pays ».

Leyla Yunus est la fondatrice et présidente de l’Institut pour la paix et la démocratie (IPD), une organisation non gouvernementale qui a cherché à améliorer le dialogue direct entre les peuples en Azerbaïdjan et en Arménie dans le contexte du conflit non résolu du Nagorno-Karabakh et qui s’est également engagée dans la lutte contre la corruption, les violences faites aux femmes et les expulsions illégales en Azerbaïdjan. Son mari, Arif Yunus, est un éminent historien qui a également participé à certains de ces projets. Tous les deux ont été mis en accusation de crimes économiques et trahison, pour lesquels ils encourent jusqu’à vingt ans d’emprisonnement.

Intigam Aliyev, avocat et responsable de l’organisation non gouvernementale Legal Education Society, a traité des affaires relatives aux droits humains devant des tribunaux nationaux et a représenté plus de 100 victimes qui avaient déposé des pourvois auprès de la Cour européenne des droits de l'homme. Le 8 août, les autorités l’ont envoyé en détention préventive sous des accusations de fraude fiscale, d’abus de pouvoir et d’activités commerciales illégales.

Rasul Jafarov, président du Club des droits humains, organisation que les autorités ont constamment refusé d’enregistrer, a lancé plusieurs campagnes critiques contre les emprisonnements pour motifs politiques, notamment la campagne Sing for democracy (Chanter pour la démocratie), renommée par la suite Art for Democracy (L'art pour la démocratie), dans la perspective du concours de l'Eurovision qui s'est tenu à Bakou en mai 2012. Il préparait une campagne appelée Sport for Rights (Sports pour les droits) dans la période précédant les Jeux européens, qui seront accueillis par l’Azerbaïdjan pendant l’été 2015. Les autorités l’ont arrêté le 2 août et l’ont mis en accusation d'entreprise illégale, fraude fiscale et abus de pouvoir.

« Les autorités azerbaïdjanaises prétendent que les accusations portées contre ces quatre défenseurs des droits humains ne reposent pas sur des motifs politiques, mais ces affirmations ne résistent pas à l’examen », a conclu Jean-Marie Fardeau. « Il faut un courage extraordinaire pour soutenir les principes des droits humains en Azerbaïdjan et ces militants courageux des droits humains ont besoin que François Hollande parle en leur nom. »

 

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