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RD Congo : Le Sommet de Londres devrait soutenir la justice pour les victimes de viol

Les pays devraient appuyer la mise en place de chambres spécialisées mixtes

(Londres, le 10 juin 2014) – Les gouvernements de la République démocratique du Congo et des autres pays assistant au Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits devraient prendre des engagements concrets en faveur de la justice pour les victimes congolaises, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Le Sommet mondial se tiendra à Londres du 10 au 13 juin 2014.

Le rapport de 27 pages, intitulé « Mettre fin à l’impunité pour les violences sexuelles : Nécessité d’un nouveau mécanisme judiciaire pour traduire les responsables en justice » décrit certains des cas les plus graves de viols de masse et autres formes de violence sexuelle commis en RD Congo au cours des dernières années par l’armée congolaise et par des groupes armés non gouvernementaux, et il met en évidence l’insuffisance des efforts fournis pour traduire les responsables en justice.

« Des dizaines de milliers de femmes, de filles, d’hommes et de garçons de l’est de la République démocratique du Congo ont été victimes de violence sexuelle au cours des deux dernières décennies », a expliqué Ida Sawyer, chercheuse senior sur la RD Congo à Human Rights Watch. « Cette violence sexuelle généralisée ne prendra fin que lorsque les responsables seront poursuivis et que le gouvernement fera clairement comprendre aux militaires, aux officiers, aux combattants de groupes armés, et aux chefs de guerre que le viol est un crime qui entraîne de très lourdes conséquences pour tout individu responsable. »

Des groupes armés ont enlevé et détenu des femmes et des filles pour les réduire en esclavage sexuel, ont attaqué les victimes avec des machettes et d’autres armes, et ont pris pour cible des fillettes n’ayant pas plus de 2 ans et des femmes de plus de 80 ans. Bon nombre de victimes ont souffert de graves complications médicales, et certaines sont décédées des suites de leurs blessures. Des groupes armés et des militaires ont également utilisé le viol pour « punir » les civils appartenant à un groupe ethnique particulier, ou ceux accusés de soutenir « l’ennemi ».

La stigmatisation et la peur d’être rejetées ont empêché de nombreuses femmes et filles de signaler qu’elles avaient été violées. D’autres vivent dans des zones reculées du pays ne disposant pas de services psychosociaux ou médicaux. Beaucoup de victimes ont été menacées par leurs agresseurs ou par des membres du groupe armé ou de l’unité militaire de ces derniers pour les dissuader de chercher à obtenir justice.

Au cours des dernières années, les autorités congolaises ont procédé à un nombre croissant d’arrestations et de poursuites pour viol, mais la vaste majorité des viols demeurent impunis, a relevé Human Rights Watch. Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BCNUDH) en RD Congo a enregistré 187 condamnations pour violence sexuelle prononcées par des tribunaux militaires entre juillet 2011 et décembre 2013. Parmi les condamnés, quatre étaient membres de groupes armés ; les autres étaient des militaires, des policiers ou d’autres agents de l’État. Sur les 136 militaires condamnés, seuls trois étaient des hauts gradés, tous lieutenants-colonels.

Une proposition gouvernementale visant à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pour les crimes les plus graves, entre autres les crimes de violence sexuelle, pourrait renforcer l’obligation de rendre des comptes pour les actes commis et mérite dès lors un soutien international, a fait remarquer Human Rights Watch. Ces chambres seraient établies au sein du système judiciaire national congolais avec la participation, pour une période limitée, de juges et autres personnels internationaux. Elles auraient pour mandat de réprimer les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les actes de génocide perpétrés en RD Congo depuis 1993.

« Les nombreuses victimes de crimes de violence sexuelle commis au cours des conflits en RD Congo méritent que justice leur soit rendue », a conclu Ida Sawyer. « Les pays participant au Sommet mondial devraient appuyer la mise en place d’un nouveau mécanisme judiciaire en RD Congo chargé de traduire en justice les individus impliqués dans ces effroyables crimes, notamment les commandants qui en définitive sont responsables de ces atrocités. »

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Liesl Gerntholtz (HRW) au Sommet de Londres :

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