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« Ils ont enlevé Razan.» C’est par ce SMS reçu d’une amie à Beyrouth que j’ai appris la nouvelle de l’enlèvement de Razan Zeitouneh et de trois de ses collègues, tous défenseurs des droits humains travaillant au Centre de documentation des violations (Violations Documentation Center, VDC) dans la banlieue de Damas. J’étais sous le choc.

Razan Zeitouneh, son mari Wael Hamada, Samira Khalil et Nazem Hammadi ont documenté divers abus commis par toutes les parties en Syrie, dans le cadre de leur travail au centre VDC, que Razan a fondé. Elle a également cofondé les Comités de coordination locaux (Local Coordination Committees, LCC), un réseau de groupes locaux civils qui organise des manifestations pacifiques, ainsi que le Bureau de soutien au développement local et aux projets à petite echelle (Local Development and Small Projects Support Office, LDSPS), qui aide à subvenir aux besoins de base et à soutenir des centres médicaux. Son travail a suscité la colère, accompagnée de menaces, à la fois du gouvernement et des groupes d’opposition armés.

« Je préfère ne pas être nommée pour ce prix », nous avait dit Razan il y a quelques mois, lorsque Human Rights Watch a voulu la nommer lauréate de  notre Prix Alison Des Forges pour engagement exceptionnel en faveur des droits humains. « Je ne suis qu’une personne parmi les nombreux Syriens qui pensent que tout individu commettant des exactions doit être tenu responsable de ses actes. »  Cette jeune femme qui a été qualifiée d’« icône du soulèvement syrien » avait rougi en assurant qu'elle ne méritait pas d'être choisie.

Le bureau de VDC est situé à Douma, un quartier de la banlieue de Damas qui est actuellement contrôlépar plusieurs groupes d'opposition armés. Selon une déclaration émise conjointement par VDC et LDSPS, « un groupe armé inconnu» a fait irruption dans le bureau de VDC, saisi des ordinateurs portables et des documents, et enlevé les militants.

Cet enlèvement consternant de quatre éminents défenseurs des droits humains incite à se poser des questions sur les véritables motivations des groupes armés en Syrie: quel est le vrai but de leurcombat ? Que cherchent-t-ils àatteindre ? Cet épisode n'est que le dernier exemple d'un abus scandaleux commis par tel ou tel groupe armé luttant au nom de la révolution syrienne, mais dont les actions finissent par décevoir de nombreux Syriens, qui se sentent abandonnés par tous les camps.

L’enlèvement de Razan et de ses collègues est un crime. Les individus responsables devraient immédiatement les libérer sans les maltraiter de la moindre façon. Les représentants officiels de l'opposition syrienne - la Coalition nationale syrienne et le Conseil suprême des forces armées - devraient exiger de toute urgence la libération des militants.

Je peux presque entendre Razan dire, de sa voix douce et timide : « Un tel acte n’empêchera pas d'autres Syriens de documenter les violations dont ils sont témoins, et ne réussira pas à museler les défenseurs des droits humains. » Tout comme la détention arbitraire d’innombrables manifestants pacifiques par le gouvernement syrien n'a pas empêché Razan et ses collègues de militer pour la défense des droits humains.

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Témoignage de Razan Zeitouneh avant son enlèvement (en anglais) :

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À lire aussi :

Communiqué du Barreau du Haut-Canada 29.01.16

 

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