par Carina Tertsakian
Mise à jour :Le Parti vert a annoncé qu'il ne pourra pas participer aux élections législatives de 2013 en raison de l'échéance trop proche, mais qu'il se préparera pour de prochaines élections.
C’est aujourd’hui la date limite pour que les partis politiques soumettent leurs listes de candidats aux élections législatives rwandaises qui se dérouleront en septembre. Vendredi en fin d’après-midi, l’Office rwandais de la gouvernance, l’organe de l’État chargé de l’enregistrement des partis politiques, a accepté d’enregistrer le Parti démocratique vert du Rwanda, un parti d’opposition qui lutte depuis près de quatre ans pour obtenir ce précieux document.
C’est une bonne nouvelle, mais à un mois seulement du scrutin, comment le Parti vert peut-il participer effectivement aux élections ?
Les trois dernières élections qui se sont déroulées au Rwanda ont toutes été marquées par une absence frappante d’opposition au parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR). Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le Président Paul Kagame a remporté l’élection présidentielle de 2003 avec une majorité de plus de 95% des votes, et celle de 2010 avec 93,08%. Le FPR a remporté les élections législatives de 2008 avec 78,76 % des votes, un chiffre qui aurait été revu à la baisse depuis environ 98% pour que les résultats paraissent plus crédibles.
L’élection de 2010 a marqué une période particulièrement sombre, avec une succession d’agressions contre des opposants et des détracteurs du gouvernement. Le vice-président du Parti vert, André Kagwa Rwisereka, faisait partie des victimes. Il a été découvert mort, le corps mutilé, le 14 juillet 2010, quelques semaines à peine avant les élections. Trois ans plus tard, personne n’a encore été traduit en justice pour son assassinat. Le parti a été dévasté et s’est de fait effondré. Il commence à peine à se remettre sur pied.
Les dirigeants de deux autres partis d’opposition – Victoire Ingabire des FDU-Inkingi et Bernard Ntaganda du PS-Imberakuri – sont en prison depuis 2010. Les FDU-Inkingi n’ont même pas réussi à s’enregistrer. Le PS-Imberakuri y est parvenu, mais une faction favorable au FPR en a pris le contrôle. La faction fidèle à Ntaganda a été paralysée par des menaces et des actes d’intimidation constants.
À strictement parler, le FPR n’est pas le seul parti au Rwanda. Plusieurs autres partis sont représentés au parlement et présenteront des candidats aux élections du mois prochain. Mais ces partis ne jouent pas le rôle d’une opposition politique. Non seulement ils ne contestent pas le FPR, mais en outre ils le soutiennent activement. Les prochaines élections semblent avoir suscité peu d’intérêt de la part de la population rwandaise. De nombreux Rwandais estiment que le résultat est acquis d’avance.
Si le gouvernement rwandais veut démontrer son engagement en faveur de la démocratie, il devra faire plus que d’enregistrer au tout dernier moment un parti déjà affaibli. Lorsque l’État cessera de menacer, d’arrêter et de harceler les militants de l’opposition et de placer des obstacles administratifs sur leur chemin, alors les Rwandais pourront célébrer une victoire de la véritable démocratie.