(Londres, le 28 juillet 2013) - Au moins 74 manifestants pro-Morsi ont été tués lors d’affrontements avec la police anti-émeutes égyptienne et des hommes en tenue civile, dont de nombreux manifestants ayant reçu des coups de feu mortels à la tête ou à la poitrine, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ils ont été tués le 27 juillet lors d'affrontements ayant duré plusieurs heures sur une route à proximité d’un sit-in des Frères musulmans devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans l'est du Caire.
Human Rights Watch a mené des entretiens avec sept témoins des violences, et examiné plusieurs vidéos montrant les incidents. Des membres du personnel médical d’un hôpital de campagne où de nombreuses victimes ont été transportées ont indiqué à Human Rights Watch que certains décès s’apparentaient à des meurtres ciblés, compte tenu de l’emplacement des blessures dues à des coups de feu dont l’angle allait selon toute probabilité causer la mort.
Les violences ont eu lieu quelques heures après l’annonce par le président intérimaire Adly Mansour que « l'État doit imposer l'ordre avec toute la force et la détermination [requises] ». Le même jour, le ministre de l'Intérieur, le général Mohammed Ibrahim, a averti que les forces de sécurité allaient « bientôt » disperser les sit-ins pro-Morsi sit-in sur les placesRabaaal-Adawiya et Al-Nahda.
« Le recours à des tirs mortels à une telle échelle, survenu si peu de temps après les propos tenus par le président par intérim sur la nécessité d'imposer l'ordre par la force, reflète une volonté choquante de la part de la police et de certains dirigeants politiques d’utiliser toujours plus de violence contre les manifestants pro-Morsi », a déclaré Nadim Houry, directeur adjoint de la divison Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Il est presque impossible d'imaginer un tel nombre de morts en l’absence d’une intention de tuer, ou au moins d’un mépris criminel pour les vies humaines. »
Les dirigeants militaires et civils à la tète du gouvernement intérimaire de l'Egypte devraient ordonner immédiatement un terme à l'utilisation de balles réelles, sauf lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger des vies humaines, selon Human Rights Watch.
En vertu des normes internationales relatives aux droits humains applicables en Égypte comme dans d’autres pays à tout moment, les responsables de l'application des lois doivent prendre toutes les mesures raisonnables pour protéger des vies, surtout quand ils sont conscients de menaces spécifiques. Ils ne sont autorisés à recourir intentionnellement à la force létale « que si cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines ».
L'usage excessif de la force meurtrière dans le passé ainsi que le manquement de la police à son devoir de minimiser les pertes lors des récentes manifestations soulignent le besoin pressant de réformer le secteur de la sécurité en Égypte, ainsi que d’exiger des comptes pour les abus perpétrés par la police et par l’armée.
Pour lire l’intégralité de ce communiqué en anglais, veuillez cliquer ici.