(New York, le 7 décembre 2012) – Une frappe aérienne menée par Israël et qui a tué 12 civils à Gaza – le plus grand nombre de pertes civiles causées par une seule frappe lors du récent conflit – a constitué une violation flagrante des lois de la guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, à l’issue d’une enquête approfondie menée sur le lieu de l’attaque.
Le 18 novembre 2012, les forces israéliennes ont largué ce qui semble avoir été une bombe aérienne de gros calibre sur une maison de trois étages où résidait la famille al-Dalu dans la ville de Gaza, tuant 10 membres de cette famille : un homme, cinq femmes et quatre enfants. En outre, deux membres de la famille al-Muzannar - un jeune homme et une femme âgée - domiciliée à proximité ont également été tués.
Dans un premier temps, les Forces de défense d’Israël (Israel Defense Forces, FDI) ont affirmé que l’attaque visait un combattant du Hamas nommé Yahia Abayah. Huit jours plus tard, l'armée israélienne a indiqué que la cible était en fait l'homme tué lors de la frappe, Mohamed Jamal al-Dalu, qu’elle a qualifié d’« agent terroriste » (« terror operative ») du Hamas, sans fournir davantage d’informations à l'appui. Toutefois, même si al-Dalu, un policier de rang subalterne, était une cible militaire légitime selon les lois de la guerre, la probabilité que l'attaque contre une maison habitée par des civils mènerait à la mort d’un grand nombre de civils laisse supposer qu’elle était disproportionnée et donc illégale, selon Human Rights Watch. Les attaques au cours desquelles les pertes civiles anticipées sont excessives par rapport à l’avantage militaire attendu constituent des violations graves des lois de la guerre.
« L’assertion par Israël que l'attaque contre la maison de la famille al-Dalu était justifiée ne semble pas corroborée par les faits », a déclaré Fred Abrahams, conseiller spécial auprès de Human Rights Watch, qui a mené des recherches dans la bande de Gaza. « Il incombe à Israël d'exposer le motif du bombardement d’une maison habitée par de nombreux civils, au cours duquel 12 personnes ont été tuées. »
En plus des 12 décès de membres des familles al-Dalu et al-Muzannar, la frappe aérienne du 18 novembre a blessé au moins neuf civils dans le quartier, et gravement endommagé ou détruit trois autres maisons.
L'armée israélienne n'a pas répondu à une demande d’informations complémentaires formulée par Human Rights Watch demandant plus d'informations.
Le droit international humanitaire et les lois de la guerre qui s’appliquaient aux combats à Gaza en novembre interdisent les attaques prenant pour cible des personnes civiles ou des biens civils. Les policiers sont présumés être des civils, et donc à l'abri des attaques, sauf s'ils sont officiellement intégrés dans les forces armées d'une partie au conflit ou participent directement aux hostilités.
Même si Mohamed al-Dalu était une cible militaire légitime, il est peu probable que l'attaque de sa maison habitée par de nombreux membres de sa famille satisfasse le critère de proportionnalité, a précisé Human Rights Watch. Les lois de la guerre interdisent les attaques dont on peut attendre qu'elles causent des pertes et des dommages auprès de la population civile qui seraient « excessifs par rapport à l'avantage militaire concret et direct attendu ».
Toute attaque disproportionnée constituerait une violation grave des lois de la guerre devant faire l’objet d’une enquête par le gouvernement israélien. Les victimes de violations des lois de la guerre et leurs familles doivent être dûment et rapidement indemnisées. Toute personne responsable d’avoir commis une violation grave des lois de la guerre, délibérément ou par imprudence, doit être poursuivie pour crime de guerre.
Les récents combats à Gaza entre Israël d’une part, et le Hamas et des groupes armés d’autre part, ont eu lieu du 14 au 21 novembre. Les deux camps ont été responsables d’attaques illégales contre des civils. Au moins 103 civils palestiniens et 4 civils israéliens ont été tués lors du conflit.
Victimes de l’attaque du 18 novembre:
1. Samah Abdul Hamid al-Dalu, 27 ans
2. Jamal Mohamed al-Dalu, 6 ans
3. Youssef Mohamed al-Dalu, 4 ans
4. Sarah Mohamed al-Dalu, 7 ans
5. Ibrahim Mohamed al-Dalu, 1 an
6. Tahani Hassan al-Dalu, 52 ans
7. Suhaila Mahmoud al-Dalu, 73 ans
8. Raneen Jamal al-Dalu, 22 ans
9. Yara Jamal al-Dalu, 17 ans
10. Mohamed Jamal al-Dalu, 29 ans
11. Abdullah Mohammed al-Muzannar, 18 ans
12. Amina Matar al-Muzannar, 83 ans
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