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Rio + 20: Le document final amoindri par les opposants aux droits humains

Le document final ne répond pas aux attentes en matière de responsabilité des entreprises et de droits reproductifs

(Rio de Janeiro, le 22 juin 2012) – La crise économique mondiale va de pair avec une récession sur le plan des droits humains, les engagements pris à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 péchant par un minimalisme inquiétant, ont déclaré aujourd’hui Amnesty International, Human Rights Watch et le Center for International Environment Law (CIEL) à l’issue de la conférence.

Rio+20 visait à renouveler les engagements politiques souscrits en matière de développement durable lors de la conférence initiale il y a 20 ans, en évaluant les progrès opérés depuis lors et les lacunes affectant la mise en œuvre, ainsi qu’en discutant des problèmes nouveaux et émergents.

« Les pays du G77, le Saint-Siège et le Canada ont formé une scandaleuse alliance s’opposant à tout engagement en faveur des droits humains, et ils ont à l’occasion été aidés par les États-Unis », a expliqué Jan Egeland, directeur exécutif adjoint à Human Rights Watch. « En dépit de cette opposition, les références aux droits humains ont survécu dans le document final – mais celui-ci ne va pas assez loin. »

Le Saint-Siège a mené l’attaque contre les droits sexuels et reproductifs, avec le soutien du G77, une organisation de pays en développement. Dans le document final, les pays participants ont insisté sur le besoin d’un accès universel à la santé génésique, y compris à la planification familiale et à la santé sexuelle, et sur l’intégration de la santé génésique dans les stratégies et programmes nationaux. Mais les références explicites aux droits reproductifs ont été supprimées.

Le Canada, le G77 et les États-Unis se sont associés pour s’opposer aux efforts visant à réaffirmer la responsabilité qui incombe aux entreprises de respecter les droits humains. Tout au long des négociations, les gouvernements se sont également abstenus d’aborder la question de leurs obligations en matière de droits humains lorsqu’ils siègent en qualité d’actionnaires d’institutions financières internationales (IFI).

Dans le document final, les gouvernements ont reconnu que le développement durable impliquait la participation active et concrète de la société civile et des nombreux groupes marginalisés, entre autres des personnes souffrant d’un handicap. Néanmoins, les gouvernements ont supprimé toute mention du droit à la liberté d’association et de réunion, ont souligné Amnesty International, Human Rights Watch et CIEL. De surcroît, le droit à la liberté d’expression, essentielle pour garantir la participation et l’obligation de rendre des comptes, n’a même jamais figuré dans le projet de document final.

Par ailleurs, les associations de la société civile ont fait part de leur consternation face au manque de possibilités pour elles de participer véritablement au processus de Rio.

« Le G77 a contesté le droit à la liberté d’association et de réunion, tandis que ceux qui se sont autrefois posé en champions de ce droit ont refusé de le défendre », a déploré Jan Egeland. « Il est surprenant de constater que dans la foulée du Printemps arabe, les gouvernements n’aient pas élevé la voix en faveur du droit à la liberté d’expression dans le cadre du développement durable. »

Les dirigeants de la planète ont réaffirmé qu’il était important de respecter tous les droits humains au développement, la Déclaration universelle des droits de l’homme et autres instruments relatifs aux droits humains, ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Dans le document final, les gouvernements ont reconnu l’importance de certains droits économiques et sociaux, dont le droit à l’alimentation, à la santé et à l’éducation. Pour la première fois lors d’un grand sommet de l’ONU, les pays ont réaffirmé le droit à l’eau potable et à l’assainissement. Les gouvernements se sont engagés à œuvrer pour que l’accès à ce droit devienne progressivement une réalité pour tous.

« Il est regrettable que certains gouvernements aient cherché de manière arbitraire à exclure les problèmes liés aux eaux transfrontalières de la question du droit à l’eau », a fait remarquer Savio Carvalho, directeur du programme Exigeons la dignité d’Amnesty International. « Le fait que ces tentatives aient échoué constitue une victoire pour les droits humains. »

Rio+20 n’a pas davantage répondu aux attentes en matière d’intégration des droits humains dans la question de la protection environnementale, ont relevé les organisations de défense des droits humains. Bien que les tribunaux nationaux, régionaux et internationaux et les organes de protection des droits humains aient de plus en plus fréquemment reconnu que les dommages environnementaux constituaient des causes de violations des droits humains et qu’ils aient fermement établi la responsabilité de l’État en matière de protection de l’environnement, le processus de Rio+20 a fait abstraction du droit à un environnement sain.

« La protection de l’environnement s’avère indispensable pour la pleine jouissance de tous les droits humains », a soulignéle Dr. Marcos Orellana, directeur pour les droits humains et l’environnement à CIEL. « Sans la reconnaissance explicite du droit à un environnement sain, le document de Rio+20 omet d’aborder les questions de la crise mondiale et écologique et de la pauvreté auxquelles sont confrontées l’humanité et la planète. »

La Déclaration de Rio de 1992, qui consistait en 27 principes destinés à orienter le développement durable futur, incluait une mention relative au droit au développement, faisait référence au droit international et reconnaissait que les populations devraient avoir accès aux informations concernant l’environnement et jouir de la possibilité de participer aux processus de prise de décisions.

« Bien que le document final traduise certaines avancées, le simple fait que nous devions plaider pour l’inclusion des droits humains est absurde », a conclu Savio Carvalho.

 

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