(Paris) – La France devrait réexaminer l'autorisation accordée à Rosoboronexport, l’entreprise d’État russe spécialisée dans le commerce d’armes, à participer à Eurosatory, un important salon international de l'armement qui se tiendra près de Paris du 11 au 15 juin 2012, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ce salon de l'armement est « organisé sous l'égide » du ministère français de la Défense.
Human Rights Watch a exhorté le Conseil de sécurité des Nations Unies à imposer un embargo sur les armes à destination de la Syrie et a appelé Rosoboronexport, en particulier, à cesser de fournir des armes à la Syrie, compte tenu d'indices convaincants selon lesquels l'armée syrienne a commis des crimes contre l'humanité. Le 3 juin, Human Rights Watch a lancé un appel public aux gouvernements et aux entreprises du monde pour qu'ils cessent de signer des contrats avec des marchands d'armes comme Rosoboronexport qui sont fournisseurs de la Syrie.
« La France ne devrait pas chercher à gagner sur les deux tableaux – elle ne peut pas être l'un des principaux partisans de la cessation des graves violations des droits humains en Syrie et de l'imposition à ce pays d'un embargo sur les armes, et en même temps permettre au principal fournisseur d'armes de la Syrie de venir à Paris pour faire la promotion de ses armements et décrocher de nouveaux contrats », a déclaré Jean-Marie Fardeau, directeur France à Human Rights Watch. « Il n'est pas acceptable de faire des affaires comme si de rien n'était avec une entreprise qui arme un gouvernement qui commet des atrocités contre son peuple. »
Quelque 1.300 exposants venus de 70 pays sont attendus au salon Eurosatory. Rosoboronexport, qui est généralement considéré comme le principal fournisseur d'armes de la Syrie, prévoit d'y avoir une grande visibilité.
Aux termes du droit international, la fourniture d'armes à la Syrie alors que ses forces commettent des crimes contre l'humanité peut être assimilée à une participation à ces crimes. Tout fournisseur d'armes peut être tenu pénalement responsable en tant que complice de ces crimes et peut être poursuivi en justice, a averti Human Rights Watch. Non seulement Rosoboronexport, mais aussi tous les autres fournisseurs d'armes à la Syrie devraient faire l'objet d'un examen approfondi, a ajouté l'organisation.
Human Rights Watch estime qu'étant donné son rôle en Syrie, Rosoboronexport ne devrait pas être autorisé à promouvoir ses intérêts et à rechercher de nouveaux contrats à l'occasion du salon Eurosatory. Au cas où Rosoboronexport serait autorisé à participer à ce salon de l'armement, tous les autres participants, y compris les délégations officielles et les courtiers privés, devraient refuser de négocier avec Rosoboronexport.
« Nous espérons que s'il y a un stand Rosoboronexport au salon Eurosatory, ce seraun endroit très solitaire », a conclu Jean-Marie Fardeau. « Les clients potentiels de Rosoboronexport devraient décliner toute possibilité de transaction avec cette entreprise, tant qu'elle ne cessera pas de vendre des armes à la Syrie dans un contexte où de graves crimes de ce genre sont perpétrés. »