(Manama, le 16 avril 2011) - Plus d'une vingtaine d'agents de sécurité bahreïniens en uniforme et en tenue civile, dont la plupart étaient masqués, ont fait irruption dans le domicile de l'éminent avocat de la défense Mohammed al-Tajer dans la nuit du 15 avril et l'ont arrêté, a indiqué Human Rights Watch aujourd'hui. Ni lui ni les membres de sa famille n'ont été informé du motif de son arrestation.
Il s'agit selon Human Rights Watch de la première arrestation d'un avocat de la défense à Bahreïn depuis plus d'une décennie. Mohammed al-Tajer est connu pour avoir fréquemment défendu dans le passé des opposants au gouvernement ainsi que des militants des droits humains arrêtés pour des motifs prétendument sécuritaires. L'arrestation d'al-Tajer a eu lieu vers 23 heures vendredi 15 avril, lorsqu'une vingtaine de membres des forces de sécurité ont fait irruption dans son domicile. Ils ont amené de force al-Tajer et, après avoir procédé à une fouille minutieuse de son domicile, emporté plusieurs objets personnels dont des ordinateurs portables, des téléphones mobiles et de nombreux documents.
Selon la Société nationale islamique al-Wefaq, un mouvement d'opposition, l'arrestation d'al-Tajer porte à 499 le nombre de personnes actuellement en détention dans le royaume.
« L'arrestation par le gouvernement d'un éminent avocat de la défense signale une inquiétante dérive de Bahreïn sur le plan des droits humains », a commenté Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les autorités devraient soit relâcher immédiatement Mohammed al-Tajer, soit l'inculper formellement selon un chef d'accusation valable.»
Deux jours avant l'arrestation d'al-Tajer, les autorités ont arrêté le Dr Sadeq Abdulla, un chirurgien vasculaire à l'hôpital de Salmaniya. Les autorités bahreïniennes ont arrêté au moins 19 médecins, dont le Dr Abdalla, depuis le 17 mars. Au moins huit d'entre eux ont été arrêtés durant la semaine du 11 avril : les docteurs Kholood al-Derazi, Nayara Sarhan, Sadeq Jaffar, Nabeel Tammam, Nabeel Hameed, Aref Rajab, Abd al-Shaheed Fadhal et Zahra al-Sammak. Certains medecins ont été relâchés depuis, mais la plupart sont toujours détenus, sans accès à leurs familles ni à des avocats.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que Bahreïn a ratifié en 2006, exige (article 9) que tout individu arrêté « recevra notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui » et « sera traduit dans le plus court délai devant un juge ou une autre autorité habilitée par la loi à exercer des fonctions judiciaires ». Tout refus par les autorités de reconnaître la détention d'une personne ou de fournir des informations sur son sort ou sur le lieu de sa détention constituerait une disparition forcée.
Depuis le 15 mars, toute activité à Bahreïn est soumise à la loi martiale, officiellement décrétée pour assurer la « sécurité nationale ». Cette loi confère aux autorités de vastes pouvoirs d'arrestation, de censure et de répression de la liberté de mouvement et d'association. Toutefois, ainsi que l'a rappelé Human Rights Watch, les droits fondamentaux - notamment le droit à la vie, le droit à la protection contre la torture et contre d'autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit de ne pas subir de discrimination - doivent toujours être respectés, même dans le cadre d'un état d'urgence.
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