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Égypte : Les autorités devraient abandonner les charges retenues contre un blogueur qui a critiqué l’armée

Le cas de Maikel Nabil est le dernier exemple d’un procès illégal d’un civil devant un tribunal militaire

Mise à jour 11 avril : Maikel Nabil a été condamné à 3 ans de prison, verdict critiqué par Human Rights Watch qui estime qu'il s'agit d'une atteinte grave à la liberté d'expression en Égypte dans la  nouvelle ère post-Moubarak.

(New York, le 5 avril 2011) - Le Conseil suprême des Forces armées qui dirige actuellement l'Égypte devrait abandonner toutes les charges retenues contre un blogueur qui a critiqué l'armée sur Internet, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Un tribunal militaire devrait prochainement rendre son verdict à l'encontre de Maikel Nabil, qui risque jusqu'à trois ans de prison après avoir été accusé d'« insulter l'armée ».

« Il est inquiétant de voir dans ce qui est censé être la nouvelle Égypte, respectueuse des droits, le gouvernement militaire poursuivre une personne pour avoir critiqué l'armée », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la divsion Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Ce procès constitue un dangereux précédent au moment même où l'Égypte tente de tourner la page après les abus de l'ère Moubarak. »

Nabil, un internaute militant âgé de 25 ans, a dans le passé prôné la fin de la conscription forcée et plus récemment, il a critiqué l'armée dans une série d'articles en ligne, dont un blog intitulé « L'armée et le peuple [n'ont jamais] agi d'une seule main ». Ses critiques à l'encontre de l'armée, également publiées sur sa page personnelle Facebook ont conduit aux chefs d'accusation dont il fait l'objet.

Nabil a été arrêté le 28 mars. Le procureur militaire l'a accusé d'avoir « insulté l'institution militaire », selon l'article 184 du code pénal, et de « diffusion de fausses informations », une violation de l'article 102 bis. Ces charges sont passibles de peines de prison ainsi que d'une amende.

Le droit à la liberté d'expression est en principe protégé dans le cadre d'accords internationaux relatifs aux droits humains, auxquels l'Égypte est partie, a rappelé Human Rights Watch. L'article 9 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples ainsi que l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques obligent notamment l'Égypte à protéger la liberté d'expression.

C'est la troisième fois qu'un blogueur est jugé devant un tribunal militaire en Égypte, après les cas de l'étudiant Ahmad Mostafa, arreté en février 2009 et ulterieurment acquitté, et d' Ahmad Bassiouni, condamné en novembre 2010 à six mois de prison pour avoir « diffusé des secrets militaires via Internet ».

Human Rights Watch s'oppose à tout procès de civils devant des tribunaux militaires. La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, dans son interprétation de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, a estimé que les tribunaux militaires « ne devraient pas, en aucune circonstance, juger des civils ».

Pour lire l'intégralité de ce communiqué en anglais, veuillez cliquer ici.

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