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États-Unis : Le gouvernement devrait suspendre l'aide militaire au Yémen

Au moins 45 personnes ont été tuées lors de l’attaque la plus meurtrière contre des manifestants pacifiques

(New York, le 18 mars 2011) - Les États-Unis devraient immédiatement suspendre leur aide militaire au Yémen jusqu'à ce que le Président Ali Abdullah Saleh mette fin aux attaques contre les manifestants anti-gouvernementaux, en majorité pacifiques, et ordonne l'ouverture de poursuites judiciaires à l'encontre de tout individu responsable de ces attaques, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

L'attaque la plus meurtrière depuis le début des manifestations quotidiennes contre le gouvernement qui ont débuté à la mi-février a eu lieu le vendredi 18 mars. Des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur des manifestants pour l'essentiel pacifiques dans la capitale, Sanaa, Certains hommes se trouvaient dans la rue, d'autres ont tiré à partir d'immeubles voisins.  Les forces de sécurité présentes sur les lieux se sont abstenues d'intervenir, selon les témoignages de militants des droits humains recueillis par Human Rights Watch. Des médecins ont indiqué que 45 manifestants, dont un jeune garçon, ont été tués, et que plus de 350 autres personnes ont été blessés, la plupart par balles.

« Malgré les nombreuses promesses du président Saleh de mettre fin aux attaques contre des manifestants pacifiques, le nombre de morts ne cesse d'augmenter », a déploré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les États-Unis ont vite condamné ce carnage mais devraient maintenant joindre le geste à la parole, en suspendant toute aide militaire au Yémen. »

Les États-Unis ont fourni plus de 300 millions de dollars d'aide militaire et sécuritaire au Yémen au cours des cinq dernières années.
 
Le président Saleh a proclamé l'état d'urgence au Yémen, quelques heures après la fusillade qui a commencé vers 13h20 le 18 mars, et a indiqué qu'une « commission neutre » allait enquêter sur les décès survenus au cours des récentes manifestations à Sanaa et dans d'autres villes du pays.

Saleh devrait veiller à ce que cet état d'urgence soit justifié et temporaire, et que toute suspension des libertés civiles soit strictement limitée au minimum nécessaire pour assurer l'ordre public, a souligné Human Rights Watch.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que le Yémen a ratifié en 1987, permet à un État de restreindre certains droits dans « le cas où un danger public exceptionnel menace l'existence de la nation et est proclamé par un acte officiel ». Selon le Comité des droits de l'homme, le corps d'experts internationaux qui surveille le respect de ce traité par les divers États, toute dérogation au respect des droits des personnes lors d'une urgence publique doit être d'un caractère exceptionnel et temporaire, et doit être « limitée aux mesures strictement nécessaires correspondant aux exigences de la situation ».

Certains droits fondamentaux - tels que le droit à la vie et le droit à la protection contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants - doivent toujours être respectés, même pendant une situation d'urgence publique.

Pour lire l'intégralité de ce communiqué en anglais, veuillez cliquer ici.

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