(Bakou, le 14 mars 2011) - Des tribunaux azerbaïdjanais ont condamné au moins 30 personnes accusées d'avoir pris part à des manifestations pacifiques à des peines de prison comprises entre 5 et 8 jours, lors de procès nocturnes tenus à huis clos, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ces condamnations ont fait suite aux rassemblements qui ont eu lieu les 11 et 12 mars, dans la foulée du mouvement de contestation au Moyen-Orient, et au cours desquels des manifestants ont protesté contre la corruption présumée du gouvernement et ont réclamé la démission des dirigeants du pays.
« Les autorités azerbaïdjanaises devraient immédiatement remettre en liberté les personnes incarcérées simplement pour avoir soutenu des manifestations non violentes à Bakou », a déclaré Rachel Denber, directrice de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Au lieu d'emprisonner des manifestants pacifiques, les autorités devraient enquêter sur le comportement des policiers au cours de ces rassemblements. »
La police a malmené de nombreux manifestants lors des manifestations. Sur une période de deux jours, la police a interpellé à Bakou une centaine de personnes qui y avaient participé, ou comptaient le faire. La plupart ont été détenus pendant quelques heures et relâchés après que la police eut dressé des procès-verbaux, mais les tribunaux ont condamné au moins 30 personnes à des peines de détention administrative pour avoir désobéi aux ordres de la police ou participé à un rassemblement non autorisé.
Certaines personnes ont été condamnées alors qu'elles n'avaient pas même participé aux manifestations, mais comptaient s'y rendre. Ainsi Tural Abassli, chef de file de la section jeunesse du parti d'opposition Musavat, a été arrêté par la police le 12 mars alors qu'il se trouvait dans un taxi qui se dirigeait vers la place de la Fontaine, où une manifestation avait lieu. Toutefois le rapport de police a faussement indiqué qu'Abassli a été appréhendé sur la place de la Fontaine ; il a été reconnu coupable de participation à un rassemblement non autorisé, et condamné à huit jours de détention administrative.
Elkin Aliyev, un journaliste du site web indépendant « Réseau d'informations sur l'Azerbaïdjan », a été condamné à sept jours de détention pour avoir participé à un rassemblement non autorisé et avoir désobéi aux ordres de la police. La police a affirmé lors de son procès qu'Aliyev avait crié « Azadlig » (« Liberté ») lors de la manifestation, et qu'il était donc un participant direct ; Aliyev a pourtant insisté qu'il se trouvait sur la place en tant que journaliste et non en tant que manifestant.
Un chercheur de Human Rights Watch qui était témoin de cette manifestation n'a pas observé d'autre cas d'arrestation ou de harcèlement de journalistes par la police.
« Dans le passé la police a fréquemment passé à tabac des journalistes qui tentaient de couvrir des manifestations en Azerbaïdjan, donc la retenue partielle dont la police a fait preuve ces derniers jours est un premier pas positif », a remarqué Rachel Denber. « Il est toutefois regrettable que le simple fait de crier ‘Liberté' puisse amener quelqu'un à se retrouver derrière les barreaux. Les autorités azerbaïdjanaises ont encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir démontrer qu'elles sont réellement attachées à la liberté d'expression et de réunion. »
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