(Manama, le 28 février 2011) - Tout projet de réforme politique à Bahreïn devra inclure une enquête transparente et indépendante sur les actes de violence instigués par le gouvernement, qui ont déjà coûté la vie à sept manifestants et fait des centaines de blessés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Human Rights Watch a appelé à des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes et de sévices a l'encontre de manifestants détenus.
Le 21 février, Redha Bu Hameeda, âgé de 32 ans, est décédé après avoir été grièvement blessé à la tête, devenant ainsi la septième victime des tirs de forces de sécurité depuis le 14 février. Le 18 février, l'armée et la police anti-émeute avaient tiré à balles réelles sur des manifestants près du rond-point de la Perle, et avait aussi recouru à des balles en caoutchouc et à des gaz lacrymogènes pour les disperser.
« Une véritable réforme à Bahreïn ne peut avoir lieu dans un contexte d'impunité pour les forces de sécurité qui ont commis de graves violations des droits humains, et pour toute personne ayant ordonné les attaques meurtrières contre des manifestants pacifiques », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Mettre fin à cette impunité est d'ailleurs une obligation de Bahreïn en vertu de traités internationaux auxquels l'État est partie.»
Human Rights Watch a pu confirmer l'utilisation par les forces militaires et de sécurité de balles réelles, de balles en caoutchouc et de grenaille contre les manifestants. Les sept manifestants tués, dont Human Rights Watch a connaissance, sont : Ali Mushaima, 21 ans (décédé le 14 février) ; Fadhel al-Matrouk, 31 ans (décédé le 15 février) ; Mahmoud Ahmed Mekki, 23 ans (décédé le 17 février) ; Ali Ahmad Mansour Khudeir, 53 ans (décédé le 17 février) ; Isa Abdul Hassan, 60 ans (décédé le 17 février) ; Ali al-Moamen, 22 ans (décédé le février) ; et Redha Bu Hameed, 32 ans (décédé le 21 février à la suite de blessures subies le 17 février).
En tant qu'État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Convention contre la torture, Bahreïn a d'une part l'obligation de protéger le droit à la liberté d'expression et d'association ainsi que le droit de se réunir pacifiquement, et d'autre part l'obligation d'empêcher ses forces de sécurité de recourir à la force excessive et à la torture.
Bahreïn est également tenu de respecter les Principes de base des Nations Unies sur l'utilisation de la force et des armes à feu par des responsables de l'application des lois. Selon ces Principes, les responsables de l'application des lois ne peuvent recourir à « l'usage meurtrier d'armes à feu que si cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines », et dans ce cas, « avec modération » et de manière « proportionnelle à la gravité de l'infraction et à l'objectif légitime à atteindre ».
Toujours selon ces Principes, les gouvernements « feront en sorte que l'usage arbitraire ou abusif de la force ou des armes à feu par les responsables de l'application des lois soit puni comme une infraction pénale... » Enfin, les pouvoirs publics doivent faire en sorte « que les supérieurs hiérarchiques soient tenus pour responsables si, sachant ou étant censés savoir que des agents chargés de l'application des lois placés sous leurs ordres ont ou ont eu recours à l'emploi illicite de la force ou des armes à feu, ils n'ont pas pris toutes les mesures en leur pouvoir pour empêcher, faire cesser ou signaler cet abus. »
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