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Nations Unies : Les rencontres avec des dirigeants recherchés pour crimes de guerre sont à proscrire

Lettre à Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies

le 24 mai 2010

Monsieur le Secrétaire général,

J'ai été consterné par la récente déclaration de votre porte-parole indiquant que Haile Menkerios et Ibrahim Gambari, tous deux représentants des Nations Unies, envisagent de participer à la cérémonie d'investiture du président Omareel-Béchirel-Béchir à Khartoum. Je vous demande instamment de revenir sur cette décision, car elle est à la fois inopportune et contraire aux principes directeurs des Nations Unies sur cette question précise.

En effet, ces principes directeurs limitent l'interaction des Nations Unies avec des personnes inculpées par les cours pénales internationales, comme c'est le cas du président el-Béchir, à « ce qui est strictement nécessaire pour mener à bien des opérations mandatées par les Nations Unies ».  La présence à la cérémonie d'investiture ne peut pas être considérée comme « strictement nécessaire ». Les principes directeurs des Nations unies stipulent au contraire que « les représentants des Nations Unies devront éviter de participer à tout événement protocolaire ou autre avec [des personnes inculpées par des cours pénales internationales] ». En outre, je sais qu'une autre directive des Nations Unies concernant le  Président el-Béchir paraphée par vos soins indique qu' « il conviendra d'éviter les relations d'ordre protocolaire avec le président el-Béchir, y compris les visites de courtoisie, les réceptions, les séances photo, la participation à des célébrations de journée nationale, etc. ».

Ces principes directeurs sont justes. Le fait de les ignorer risque de porter grandement atteinte à la crédibilité des Nations Unies. La présence à la cérémonie d'investiture d'une personne sous le coup d'un mandat de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes d'une extrême gravité serait un terrible message adressé aux victimes de ces atrocités au Darfour et partout dans le monde qui pourrait leur laisser penser que leur souffrance n'est pas une raison suffisante pour se départir du soutien protocolaire de l'auteur présumé de leurs sévices. Cette présence risque également d'être perçue comme le signe du désintérêt des Nations Unies à l'égard de la réussite de la CPI - un signe qu'il semblerait peu judicieux de transmettre quelques jours seulement avant la première conférence d'examen du Statut de Rome de la CPI qui se tiendra dans la ville ougandaise voisine de Kampala du 31 mai au 11 juin 2010. La conférence d'examen donnera l'occasion de porter une attention particulière sur le travail de la cour et de montrer la volonté de défendre la cause de la justice internationale. Toute violation inconsidérée des propres principes des Nations Unies ne servira ni la cour ni les Nations Unies.

Pour toutes ces raisons, j'espère que vous accepterez de revoir les projets de participation des représentants officiels des Nations Unies, quels qu'ils soient, à la cérémonie d'investiture d'el-Béchir. Si vous souhaitez discuter de cette question, n'hésitez pas à me joindre.

Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire général, l'expression de mes sentiments distingués.



Kenneth Roth



Directeur exécutif

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