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Liban : Un an déjà et toujours pas de responsables

Il est indispensable de rendre justice aux victimes du conflit de mai 2008 pour renforcer la confiance envers les autorités d'État

(Beyrouth, le 7 mai 2009) - Un an après le début des combats entre l'opposition et les partisans de la majorité au pouvoir ayant entraîné la mort d'au moins 110 personnes, Human Rights Watch annonce aujourd'hui que les autorités libanaises n'ont toujours pas rendu publics les résultats de leur enquête concernant les victimes civiles. À ce jour, la justice n'a prononcé qu'un seul acte d'accusation envers un individu ayant tiré sur un civil. Les autres procédures sont au point mort et n'ont donné lieu à aucune poursuite.

Les combats ont commencé à Beyrouth le 7 mai 2008, provoquant la mort d'au moins 71 personnes en deux semaines et n'épargnant ni les civils, ni leurs propriétés. Le 21 mai, les groupes ont signé un accord politique à Doha, mais les violations commises lors des attaques ont été passées sous silence. Des conflits sporadiques ont encore eu lieu pendant les trois mois qui ont suivi dans la région de la Bekaa et dans le Nord, tuant 40 autres personnes, dont des civils.

« Au Liban, les conflits passés démontrent clairement que pour être durable, tout accord de paix doit sanctionner les attaques contre les civils », a déclaré Nadim Houry, chercheur auprès de la division Moyen Orient - Afrique du Nord de Human Rights Watch. « Pour sortir de ce cycle, il est indispensable que le peuple libanais demande des comptes aux responsables. »

Durant le conflit, Human Rights Watch s'est rendu dans les zones où des civils ont été tués et a eu à plusieurs reprises l'occasion de voir la police et l'armée libanaise mener leur enquête. Cependant, dans la plupart des cas, les investigations ont abouti à une impasse et la justice n'a pas donné suite. « Toute trace de l'enquête a disparu. Chaque fois que nous avons cherché à savoir où en étaient les investigations, on nous a répondu que l'on ne savait pas où se trouvait le dossier. La vérité c'est que l'on ne veut pas savoir », a expliqué à Human Rights Watch l'avocat de la famille d'une victime tuée à Beyrouth.

Un autre avocat, Elie Ghassan, qui représente le parti national-socialiste syrien, dont des membres ont trouvé la mort à Halba dans le Nord du pays après avoir été battus et maltraités par des hommes armés, a exprimé la même frustration. « Nous avons remis au parquet des vidéos montrant les personnes ayant tué nos membres. Nous avons même donné des noms. Mais rien ne s'est passé. Le dossier est figé. »

« Alors que tout prouve que des crimes graves ont été commis l'année dernière, il est difficile de comprendre pourquoi les investigations n'aboutissent à rien », déplore Nadim Houry. « Les autorités libanaises devraient dire la vérité et expliquer où en est l'enquête. »

Human Rights Watch a réussi à trouver la preuve d'une seule mise en accusation en rapport avec les violences de mai 2008. En septembre, le premier juge d'instruction à Beyrouth, Abdel Rahim Hammud, a prononcé un acte d'accusation envers un individu accusé d'avoir tué deux civils et blessé six autres lors d'une altercation dans un cortège funèbre à Tarik al-Jdideh (Beyrouth) le 10 mai. À la suite d'autres incidents, la police et l'armée ont arrêté des individus pour suspicion de détention d'armes et d'explosifs, mais les ont pour la plupart relâché rapidement.

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