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Libye : Il faut abandonner les charges pesant contre des protestataires pacifiques

Le gouvernement devrait localiser le prisonnier « disparu »

Le gouvernement libyen devrait acquitter et libérer 11 militants politiques non-violents, condamnés sur des accusations à caractère politique, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Une Cour de sûreté de l’Etat à Tripoli les aurait condamnés le 10 juin à des peines allant de 6 à 25 ans de prison.

Ces hommes font partie d’un groupe de 14 personnes arrêtées en février 2007 pour avoir planifié une manifestation pour commémorer la mort de 11 personnes au cours d’un affrontement entre des manifestants et la police un an auparavant. En mai 2008, les autorités ont relâché l’un des hommes, Jum`a Boufayed, et un deuxième, `Adil Humaid, a été libéré le 10 juin. Un troisième homme, `Abd al-Rahman al-Qotaiwi, est porté disparu depuis son arrestation.

« En Libye aujourd’hui, le seul fait d’envisager de critiquer le gouvernement peut vous envoyer en prison pour des années », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Le gouvernement devrait abandonner immédiatement ces fausses accusations. »

Le procès des 11 hommes restant a été conduit par la Cour de sûreté de l’Etat, créée en août 2007 pour juger les affaires politiques. Cette Cour se trouverait à l’intérieur de la prison d’Abu Salim à Tripoli, une installation gérée par l’Agence de sécurité intérieure de Libye.

Les informations sur le procès et le verdict ont été transmises par le site Web d’émigrés libyens al-Mostakbal (http://www.libya-almostakbal.net/index.html), qui a suivi l’affaire de près et s’est entretenu avec deux personnes qui ont observé les séances du tribunal.

Les hommes auraient été inculpés de planifier le renversement du gouvernement et d’avoir rencontré un fonctionnaire d’un gouvernement étranger, apparemment un fonctionnaire de l’ambassade des Etats-Unis à Tripoli. Ils n’ont pas été reconnus coupables de détention d’armes.

Au cours des dernières années, la Libye a cherché à développer de meilleures relations avec les Etats-Unis et les pays européens, en partie en essayant d’améliorer son image en matière de droits humains.

« Le gouvernement libyen a essayé de rafistoler son bilan notoirement médiocre en matière de droits humains », a ajouté Whitson. « Mais aucun pansement n’est assez grand pour recouvrir la violation flagrante des droits de ces hommes. »

L’un des accusés, Jamal Ahmad al-Haji, est un écrivain et critique du gouvernement. Dans un article publié quelques jours avant d’être arrêté, il lançait un appel pour « la liberté, la démocratie, un Etat constitutionnel et le droit » en Libye (http://libya-almostakbal.net/MinbarAlkottab/January2007/jamalhaggi200107...).

Jamal al-Haji possède la nationalité danoise, que le gouvernement libyen a refusé de reconnaître. Les autorités ont rejeté les demandes du gouvernement danois de rendre visite à al-Haji, violant ainsi les obligations de la Libye au regard de la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires.

Le principal organisateur de la manifestation programmée, Idris Boufayed, qui a vécu en Suisse pendant 16 ans, a été condamné à 25 ans de prison. Il est atteint d’un cancer du poumon à un stade avancé.

« Les autorités libyennes devraient abandonner les charges politiques retenues contre tous ces hommes et s’assurer qu’Idris Boufayed est libre et qu’il peut recevoir les soins médicaux dont il a besoin », a insisté Whitson.

Le 28 mai, al-Watan, journal pro gouvernemental, a signalé qu’un « comité médical » officiel avait consenti à la libération de Boufayed pour raisons médicales. Le sens de cette décision reste peu clair.

La Fondation Kadhafi, dirigée par Saif al-Islam al-Kadhafi, fils du dirigeant libyen Mu`ammar al-Kadhafi, a annoncé qu’elle travaillait au nom de Idris Boufayed, étant donné son mauvais état de santé.

Les hommes condamnés, relâchés ou portés disparus sont les suivants :

• Condamnés :
1. Al-Mahdi Humaid (il y a cinq frères Humaid) – 15 ans
2. Al-Sadiq Salih Humaid – 15 ans
3. Faraj Humaid – 15 ans
4. `Ali Humaid – 6 ans et 6 mois
5. Ahmad Yusif al-`Ubaidi – 15 ans
6. `Ala' al-Dirsi – 6 ans
7. Jamal al-Haji – 12 ans
8. Dr. Idris Boufayed – 25 ans
9. Farid al-Zuwi – 6 ans
10. Bashir al-Haris – 6 ans
11. Al-Sadiq Qashut – 7 ans

• Relâchés :
12. `Adil Humaid – relâché le 10 juin 2008
13. Jum`a Boufayed (frère du Dr. Idris Boufayed) – relâché le 27 mai 2008

• Porté disparu :
14. `Abd al-Rahman al-Qotaiwi

Pour consulter d’autres recherches de Human Rights Watch sur la Libye, voir le lien :
https://www.hrw.org/doc?t=mideast&c=libya

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