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Burundi: le gouvernement doit mettre fin aux exactions de la police

Le climat d’impunité contribue aux détentions illégales, aux passages à tabac et à la torture

Le gouvernement burundais doit prendre des mesures immédiates pour mettre un terme au climat d’impunité qui facilite les détentions illégales, les mauvais traitements et la torture d’individus par la police, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport paru aujourd’hui.

Le rapport de 42 pages, intitulé , « ‘Ils me tabassaient tous les matins’ : Exactions de la police au Burundi », fait état de 21 cas de passages à tabac et de torture de civils perpétrés en octobre 2007 par une unité spéciale de réserve, connue sous le nom de Groupement Mobile d’Intervention Rapide (GMIR), dans la province de Muramvya. Plusieurs victimes ont décrit à Human Rights Watch comment elles avaient été arrêtées de manière arbitraire, battues avec des matraques et des battons, menacées de mort, sujettes à de fausses exécutions et forcées à payer de larges pots-de-vin en échange de leur libération.

« De nombreux Burundais disent craindre la police, et des abus commis par des policiers sont souvent reportés, non seulement dans la province de Muramvya, mais aussi à travers tout le pays », a déclaré Alison Des Forges, conseillère senior pour la division Afrique de Human Rights Watch. « Nous reconnaissons le fait que les autorités travaillent durement pour former les policiers correctement, mais les formations doivent être renforcées en tenant les policiers pour responsables de leur mauvaise conduite. »

Normalement basés à Bujumbura, les agents du GMIR ont été dépêchés dans la commune de Rutegama, dans la province de Muramvya, afin de parer à l’augmentation présumée du banditisme armé. Ils étaient également supposés mettre un terme au recrutement et à la propagande des Forces nationales de libération (FNL), un groupe rebelle signataire d’un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement burundais en 2006, mais qui plus tard s’est retiré des discussions sur sa mise en application. Le GMIR a mis en place un site de détention illégal et a procédé à l’arrestation arbitraire de dizaines de civils en octobre 2007. Les victimes ont raconté à Human Rights Watch que les agents ont torturé et maltraité beaucoup de détenus et qu’ils ont aussi extorqué de l’argent à un grand nombre d’entre eux.

Les détenus ont été accusés de possession illégale d’armes ou d’appartenance aux FNL, bien que cette dernière accusation ne soit pas un crime selon les termes de l’accord de cessez-le-feu. Dans un cas, 50 policiers armés de fusils et de lance-grenades ont arrêté un homme à 2 heures du matin. L’homme a raconté à Human Rights Watch ce que la police lui a dit : « Je devais leur montrer où j’avais caché les armes et je leur montrerais après avoir été bien tabassé. » Un autre a raconté: « Un des policiers m’a mis un pistolet sur la tête, tandis qu’un autre commençait à creuser un trou dans le champ juste en dehors [du centre de détention]. Ils m’ont accusé d’être un membre des FNL, et j’ai nié. Ils ont continué à me battre pour me forcer à admettre... Chaque matin pendant les jours qui ont suivi, ils me battaient. »

La Police Nationale du Burundi, reforgée en 2004 par un gouvernement de transition, comprend des anciens rebelles, des soldats et des gendarmes, ainsi que des agents de police. La nouvelle force de police a reçu peu de formation, ce qui peut expliquer certains abus. Mais le manque de formation est aggravé par l’échec du gouvernement à enquêter et poursuivre les auteurs d’abus. Seuls deux policiers ont été condamnés dans 59 cas de torture enregistrés ces deux dernières années.

De plus, les hommes politiques utilisent certains policiers à des fins politiques. Un agent du GMIR présent à Rutegama a raconté à Human Rights Watch que son unité avait été envoyée à Muramvya « parce que le gouvernement pense que les gens abandonnent le parti au pouvoir, et qu’ils ne vont pas voter pour eux en 2010... Ils nous envoient ici pour intimider la population, pour regagner la population par la force. »

Les autorités judiciaires de Muramvya ont initié tardivement des procédures à l’encontre de deux agents du GMIR et un chef de la police locale. Elles ont interrogé les suspects pour la première fois presque deux mois après que les victimes ont porté plainte.

« Le gouvernement burundais doit garantir que les victimes d’abus à Muramvya puissent faire appel à la justice et qu’elles puissent le faire rapidement », a ajouté Des Forges. «Un gouvernement qui cherche à consolider la démocratie et les droits humains ne peut tolérer une police qui maltraite le peuple au lieu de le protéger. »

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