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Tunisie : Il faut autoriser les militants des droits humains à assister à une conférence aux États-Unis

Le gouvernement viole constamment le droit fondamental à la liberté de quitter le pays

Le gouvernement tunisien devrait immédiatement revenir sur sa décision d’interdire à deux éminents défenseurs des droits humains de quitter le pays, a déclaré aujourd’hui un groupe d’organisations non gouvernementales de premier plan. L’interdiction imposée par la Tunisie sur les déplacements à l’étranger fait obstacle à la visite de huit militants prévue la semaine prochaine à Washington, DC.

Le gouvernement tunisien a interdit au Juge Ahmed Rahmouni, ainsi qu’à Mohamed Abbou, un avocat des droits humains et ancien prisonnier de conscience, de faire partie d’une délégation devant assister à une conférence sur la démocratie et les droits humains en Tunisie, événement organisé par Human Rights Watch, Human Rights First, Amnesty International USA, le Groupe d’observation de la Tunisie au sein de l’IFEX (Échange international de la liberté d’expression) et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme. Il est également prévu que certains participants s’entretiennent avec des des fonctionnaires et législateurs américains, ainsi que des défenseurs de la société civile aux Etats-Unis.

« Le refus par le gouvernement tunisien d’autoriser ces deux militants de se rendre aux Etats-Unis montrent jusqu’où il est prêt à aller pour réduire au silence ceux qui veulent discuter de son bilan en matière de droits humains », a déclaré Maureen Byrnes, directrice exécutive de Human Rights First. « Ces militants sont apparemment prisonniers dans leur propre pays. Qui plus est, cette interdiction constitue un affront pour ceux qui avaient invité ces hommes afin de s’entretenir avec eux. »

L’Ambassade des États-Unis à Tunis a rapidement délivré un visa à chacun des militants dès réception de leur demande, et il est prévu que des fonctionnaires du Département d’État assistent à la conférence le 13 novembre, et rencontrent certains membres de la délégation.

Le 10 novembre 2007, à l’aéroport international de Tunis-Carthage, la police tunisienne des frontières a empêché Abbou d’embarquer à bord de son vol pour les Etats-Unis. La semaine dernière, le ministre de la justice avait refusé d’octroyer au Juge Ahmed Rahmouni, qui préside le bureau exécutif de l’Association des Magistrats Tunisiens, l’autorisation requise pour se rendre aux Etats-Unis.

La Tunisie est un État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, lequel l’oblige à garantir le droit de tout individu de sortir de son propre pays, les interdictions visant les voyages à l’étranger sont devenues courantes sous le Président Zine El Abidine Ben Ali. Les autorités ont empêché Abbou, libéré de prison en juillet, de quitter la Tunisie en août et de nouveau en octobre 2007, lorsqu’il a cherché à se rendre à Londres en vue d’une interview avec la chaîne télévisée Al Jazeera et au Caire pour assister en tant qu’observateur au procès du journaliste égyptien Ibrahim Issa.

Depuis juillet, le gouvernement tunisien a également imposé de facto une interdiction de voyager à l’encontre du journaliste et défenseur des droits humains Kamel Labidi, refusant de lui délivrer un nouveau passeport. Les refus arbitraires et injustifiés de délivrance d’un passeport à un citoyen constituent clairement une violation des obligations qui incombent à la Tunisie aux termes du pacte précité. L’avocat des droits humains Mohamed Ennouri et un journaliste freelance, Selim Boukhdhir, mènent actuellement une grève de la faim à Tunis afin de protester contre la violation de ce droit élémentaire.

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