(New York) - Les autorités judiciaires et de police rwandaises devraient immédiatement rendre compte du lieu où se trouve Assinapol Rwigara, important homme d’affaires, et devraient assurer les droits à un procès équitable pour les généraux arrêtés Frank Rusagara et Sam Kanyemera, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
La police dit avoir recherché Rwigara pour une affaire d’accident qui a coûté la vie à trois ouvriers sur un chantier de construction lui appartenant, et dit avoir arrêté les deux généraux parce qu’ils s’étaient interposés dans l’arrestation de Rwigara.
« Le Rwanda a adopté des lois pour protéger les droits des personnes accusées, » a déclaré Alison Des Forges, conseillère principale à la division Afrique de Human Rights Watch. « C’est le moment pour les autorités rwandaises de les mettre en œuvre afin de défendre les droits de ces trois personnes. »
Rwigara, partisan de la première heure du Front patriotique rwandais (FPR), le parti dominant au Rwanda, a disparu depuis le 27 juillet, date à laquelle il a été enlevé de force par des officiers de police lors d’un enterrement dans un cimetière. De nombreuses personnes qui assistaient à l’enterrement ont vu Rwigara emmené hors du cimetière tout de suite après que les officiers de police l’aient encerclé. Les policiers ont reconnu qu’ils avaient cherché à l’arrêter, mais ils ont dit que Rwigara avait réussi à s’échapper et qu’il était toujours recherché.
Rusagara, officier des Forces de défense rwandaises, a été arrêté le 1er août, d’après The New Times, journal proche du gouvernement. Bien que les autorités policières auraient déclaré ne pas avoir encore déterminé les charges exactes retenues contre lui, elles ont affirmé que son arrestation était due aux tentatives de Rusagara visant à empêcher l’arrestation de Rwigara.
Le droit rwandais stipule que les personnes arrêtées doivent être présentées à un magistrat dans les 72 heures qui suivent leur arrestation.
« Si Rwigara et Rusagara sont encore entre les mains de la police, ils doivent être présentés à un magistrat, comme le prévoit le droit rwandais, » a déclaré Des Forges. « Si la police affirme ne pas détenir ces hommes, elle doit expliquer ce qui leur est arrivé. »
Le 11 août, la police a arrêté le Général Sam Kanyemera, alias « Kaka » qui était à la tête de l’état-major de l’armée rwandaise jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite en 1998, et qui est actuellement membre du parlement rwandais. S’exprimant le 13 août dans une interview à la radio, le président du parlement a dit que les parlementaires ainsi que lui-même avaient décidé de lever l’immunité parlementaire de Kanyemera. Le président du parlement a déclaré que Kanyemera allait être accusé du délit d’avoir aidé quelqu’un à échapper à une arrestation.
Un porte-parole de la police a annoncé que Kanyemera passerait en jugement le 17 août sur l’accusation de « tentative de sabotage d’opérations de police. »
La police s’est lancée à la recherche de Rwigara à la suite d’un accident survenu le 12 juillet et qui a coûté la vie à trois ouvriers, faisant également trois blessés, sur un chantier de construction appartenant à une de ses entreprises. En relation avec cette affaire, les autorités judiciaires ont saisi des biens familiaux, dont une automobile, et gelé des comptes bancaires, y compris ceux d’entreprises dont Rwigara était seulement l’un des propriétaires. D’après un membre de la famille, Rwigara a versé une compensation financière aux familles des ouvriers peu après l’accident.
« Les spéculations quant aux raisons de ces détentions vont bon train à Kigali, allant des décès des ouvriers, à des rivalités commerciales, et jusqu’au complot en vue d’un coup d’état, » a dit Des Forges. « Quel que soit le contexte, les personnes accusées ont des droits au regard des lois rwandaises, et les autorités judiciaires rwandaises ont le devoir de veiller à ce qu’ils soient respectés. »