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RD Congo: Mettre un terme aux affrontements au sein de l’armée au Nord Kivu

Des civils ont été tués et blessés dans les combats entre factions de l’armée rivales

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo doit immédiatement faire cesser les combats entre les factions de l’armée rivales et s’employer à atténuer les tensions ethniques dans la province du Nord Kivu pendant le déroulement du processus électoral, a déclaré Human Rights Watch. Les individus responsables de la mort et des blessures infligées aux civils du fait de combats doivent également rendre des comptes.

Le 5 août, des soldats de l’armée congolaise de la 9ème Brigade se sont affrontés avec ceux de la 83ème Brigade dans la ville de Sake, à 30 kilomètres à l’est de Goma, la capitale provinciale, tuant 2 civils et en blessant 13 autres. Des milliers d’habitants de Sake ont cherché refuge à Goma et dans d’autres villes à proximité à la suite de l’attaque, qui a eu lieu quelques jours à peine après les élections historiques du Congo. Les résultats des premières élections présidentielles doivent être annoncés le 20 août.

« Le gouvernement, avec l’aide des forces de maintien de la paix des Nations Unies, doit résoudre ces conflits au sein de l’armée congolaise avant que davantage de civils ne soient tués ou blessés, » a déclaré Alison Des Forges, conseillère à la division Afrique de Human Rights Watch. « Si les soldats ne peuvent maintenir l’ordre dans leurs propres rangs, comment les civils peuvent-ils se tourner vers eux pour leur sécurité ? »

La 83ème Brigade comprend de nombreux officiers appartenant à l’ethnie congolaise des Tutsis, précédemment membres du Rassemblement Congolais pour la Démocracie-Goma (RCD-Goma), un groupe rebelle soutenu par les Rwandais et devenu un parti politique. Faisant théoriquement partie de l’armée congolaise, beaucoup de ces soldats sont restés loyaux à Laurent Nkunda, un ancien officier militaire du RCD-Goma qui prétend protéger les droits de la communauté minoritaire tutsie.

L’affrontement de Sake est le dernier d’une série d’incidents entre soldats fidèles au gouvernement congolais de Kinshasa et ceux qui soutiennent Nkunda. En février, des soldats fidèles à Nkunda ont attaqué la ville de Rutshuru, forçant des milliers de civils à s’enfuir.

Ces conflits ont exacerbé les tensions entre la communauté tutsie du Congo et d’autres groupes ethniques. Après l’attaque de Sake, des jeunes de la ville ont déclaré qu’ils voulaient constituer un groupe de défense local pour riposter aux soldats de Nkunda.

Le 25 juillet, Nkunda a lancé un nouveau mouvement politique et militaire, le Congrès National pour la Défense du Peuple, lors d’une conférence de presse à sa base militaire à Bwito, au Nord Kivu. Nkunda a déclaré que son mouvement répondrait à toute tentative d’exclure des groupes minoritaires du nouveau gouvernement.

Il y a un mandat d’arrêt contre Nkunda, qui est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour les atrocités commises par les troupes sous son contrôle à Bukavu en juin 2004. A ce jour, aucune action n’a été entreprise par le gouvernement ou par les forces de maintien de la paix des Nations Unies pour l’arrêter et le traduire en justice.

Les soldats de la 83ème Brigade ont refusé d’entrer dans le programme d’intégration de l’armée congolaise visant à rassembler les anciens belligérants dans une seule armée nationale, prétendant qu’ils sont en butte à la discrimination dans la nouvelle armée. En février 2006, des soldats congolais tutsis ont été attaqués et blessés dans l’un des camps de brassage de l’armée nouvellement installés à Kitona, dans la province occidentale de Bas-Congo, rendant crédibles ces craintes.

Dans un entretien avec Human Rights Watch, le Lieutenant Colonel Kabundi de la 83ème Brigade a déclaré : « Nous ne pouvons pas accepter l’intégration de l’armée parce que nous ne sommes pas considérés comme des Congolais. » Il a ajouté : « La guerre vaut mieux que la brassage. »

Les soldats de la 83ème Brigade ont aussi perturbé le processus de démobilisation qui cherche à réduire le nombre des combattants au Congo. En juin, ils ont tendu une embuscade à un minibus transportant 13 enfants soldats démobilisés et ils ont pris sept personnes en otages pendant deux jours dans le but d’empêcher leur démobilisation. En juillet, les soldats de la 83ème Brigade ont enlevé deux de ces enfants à Goma et ont offert à chacun 20 $ plus une promotion pour rejoindre l’armée.

« Le gouvernement doit examiner les craintes des soldats Tutsis et garantir qu’ils seront traités équitablement dans le processus de brassage, » a affirmé Des Forges. « D’autre part, les autorités militaires doivent prendre des mesures disciplinaires contre ceux qui refusent d’obéir à des ordres légitimes et s’assurer que ceux qui ont fait du tort aux civils seront tenus responsables de leurs actes. Elles doivent aussi faire arrêter Nkunda et s’assurer qu’il reçoive un jugement équitable pour les crimes de guerre dont il est accusé. »

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