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Rwanda: détenus illégalement par centaines dans un ancien entrepôt

Le centre de détention de Gikondo doit être fermé et les enfants libérés

(New York) - Des centaines de personnes, dont de nombreux enfants, sont incarcérées dans des conditions déplorables dans un centre de détention non officiel situé dans le quartier Gikondo de la capitale rwandaise Kigali, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans un document d’informations.

Le document de 13 pages, intitulé « Balayés loin des regards: enfants de la rue détenus illégalement à Kigali, Rwanda », décrit la vie dans ce centre en se basant sur les témoignages d’enfants et de jeunes adultes qui y ont un jour été incarcérés.

« Les responsables de la ville de Kigali qui gèrent le centre de détention reconnaissent qu’il doit être fermé », a déclaré Alison Des Forges, consultante principale à la Division Afrique de Human Rights Watch. « Du point de vue des enfants détenus, le plus tôt sera le mieux. »

Des milliers d’enfants rwandais vivotent péniblement dans les rues de Kigali et d’autres zones urbaines. En conséquence du génocide de 1994, de la guerre ou encore de l’épidémie de VIH/SIDA, beaucoup n’ont aucun adulte pour veiller sur eux. Depuis 1997, les autorités de la ville opèrent régulièrement des rafles au cours desquelles les enfants de la rue sont emmenés ainsi que les mendiants, les vendeurs de rue et les travailleurs du sexe. En 2005, les autorités ont commencé à incarcérer beaucoup de ces personnes dans un ancien entrepôt de Gikondo, situé non loin des hôtels de grand standing fréquentés par les visiteurs étrangers.

Les autorités privent ces personnes de liberté pour « vagabondage » en vertu de règlements datant de l’époque coloniale mais il est rare qu’elles les inculpent officiellement, qu’elles les fassent comparaître devant des tribunaux ou leur permettent de faire valoir leur droit à des procédures équitables garanti par la constitution rwandaise et les conventions internationales qui lient le Rwanda. Selon les autorités, cet endroit est officiellement destiné à servir de "centre de transit" où les personnes ne sont pas détenues plus de trois jours.

Dans les faits, certains détenus passent des semaines, voire des mois, en détention avant d’être libérés sans faire l’objet d’aucune procédure judiciaire. Les prisonniers ne reçoivent pas suffisamment d’eau, de nourriture ou de soins médicaux; ils dorment à même le sol, sans matelas ni couverture.

« Détenir des enfants pour la simple raison qu’ils sont pauvres, sales, et qu’ils n’ont personne pour prendre soin d’eux est une violation de leurs droits », a expliqué Des Forges. « Aux termes du droit international et de la législation rwandaise, l’Etat doit protéger ces enfants et non pas juste les balayer loin des regards. »

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