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Burundi: les bailleurs de fonds doivent faire pression pour que cessent les exactions persistantes

Alors que la justice piétine en ce qui concerne les crimes de guerre, tortures et meurtres se poursuivent

Les bailleurs de fonds, qui entameront le 28 février prochain des discussions avec le gouvernement burundais à propos de l'aide à apporter, doivent faire pression pour que cessent les exécutions sommaires, les actes de torture et autres violations des droits humains, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport paru aujourd'hui.

Le rapport de 12 pages, intitulé “Dérapages: abus perpétrés au Burundi,” analyse les récentes violations perpétrées tant par les autorités burundaises que par les rebelles des Forces Nationales de Libération (FNL) avec lesquelles le gouvernement est toujours en guerre. Le document appelle à la fois le gouvernement et la communauté internationale à instaurer des mécanismes visant à rendre la justice pour les crimes graves commis dans le passé par le gouvernement et les forces rebelles.

“Dans le cadre de la campagne qu'ils mènent pour vaincre les FNL, les soldats gouvernementaux, les policiers et les agents des renseignements recourent à des tactiques qui violent la loi burundaise et le droit international,” a expliqué Alison des Forges, conseillère principale à la Division Afrique de Human Rights Watch. “Et la plupart d'entre eux échappent à tout châtiment pour les exactions commises.”

Après 10 ans de guerre civile, un ancien groupe rebelle a remporté les élections de juin dernier et ses membres dominent le gouvernement entré en fonctions en août 2005. Le nouveau président élu, Pierre Nkurunziza, appartient également à ce groupe, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD).

Le rapport décrit les tortures infligées par la police gouvernementale et les agents des renseignements aux civils accusés d'entretenir des liens avec les FNL. Il donne en outre des informations sur l'incarcération de dizaines d'autres civils sans qu'aucune procédure légale ne s'ensuive.

Dans la capitale burundaise Bujumbura, Human Rights Watch a recueilli des informations à propos du meurtre commis dernièrement sur un jeune de 16 ans qui avait été vu aux mains des agents des renseignements et de la police peu avant d'être abattu. Les déclarations officielles avançant qu'il avait été abattu alors qu'il tentait de s'échapper ne concordent pas avec le fait qu'il ait reçu des balles dans le visage et dans la poitrine.

Au cours des dernières semaines, comme dans le passé, les rebelles des FNL ont également tué et brutalisé des civils, dans certains cas parce qu'ils refusaient de fournir de la nourriture ou de l'argent pour la cause rebelle. Lors de l'un de ces incidents, les rebelles ont enlevé et tué une femme dans la commune de Kanyosha, près de Bujumbura, et ont sauvagement mutilé son corps.

Le rapport mentionne par ailleurs la détention, sans inculpation, d'ex-combattants des FNL qui se sont livrés aux autorités gouvernementales. Beaucoup sont détenus dans divers camps militaires et autres installations et les forces gouvernementales les utilisent pour identifier les civils qui auraient aidé les FNL.

En octobre dernier, le gouvernement burundais a nommé une commission chargée de travailler en collaboration avec les Nations Unies pour mettre sur pied une commission vérité et réconciliation et instaurer une chambre spéciale au sein du système judiciaire burundais afin de se pencher sur les violations graves du droit international humanitaire perpétrées pendant la guerre civile. Mais à ce jour, le gouvernement n'a opéré aucun autre progrès apparent dans la mise en place de ces deux mécanismes destinés à rendre la justice.

“La poursuite en justice des auteurs des crimes de guerre commis dans le passé doit être la première étape dans l'établissement d'un nouveau système judiciaire au Burundi,” a souligné Des Forges. “Les bailleurs de fonds devraient insister pour que le gouvernement burundais fasse de la justice une priorité et ils devraient être prêts à y apporter leur concours financier.”

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