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Union africaine: Il faut choisir un président crédible

L’Union africaine doit améliorer la protection des civils au Darfour

Les responsables africains qui vont se retrouver à l’occasion du sommet de l’Union africaine la semaine prochaine, doivent agir afin d’améliorer la protection des civils au Darfour, et ne devraient pas élire le président soudanais comme chef de l’Union africaine.

Le président soudanais, Omar El Bashir est candidat à la présidence de l’organisation panafricaine qui doit revenir en 2006, par un processus de rotation, à un pays de l’Afrique de l’Est. Le président de l’Union africaine devra être élu par les 53 Etats membres au sommet de Khartoum au Soudan, les 23 et 24 janvier.

« Il serait tout à fait inapproprié que le gouvernement soudanais, responsable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, préside l’Union africaine, » a déclaré Peter Takirambudde, Directeur exécutif de la division Afrique à Human Rights Watch.
« La crédibilité de l’U.A. et sa capacité à promouvoir et à protéger les droits de l’homme seraient irrémédiablement. »

Le gouvernement soudanais, ses milices, et les membres des mouvements rebelles font déjà l’objet d’une enquête par la Cour pénale internationale pour des crimes commis en violation du droit international au Darfour.

Mission de l'union africaine au Soudan

Dans un rapport de 57 pages publié aujourd’hui, Impératifs pour un changement immédiat : La mission de l’Union africaine au Soudan, Human Rights Watch examine l’évolution du rôle de la Mission de l’Union africaine au Soudan (AMIS) depuis ses débuts, comme organe de suivi du cessez-le-feu en juin 2004, à sa forme actuelle, celle d’une structure majeure avec mandat de protection des civils, troupes armées, police civile non armée, observateurs militaires non armés et équipes de soutien.

Le rapport examine les facteurs qui doivent être pris en considération pour toute transformation de l’AMIS en mission des Nations unies et formule des recommandations à cet effet. Alors que les responsables de l’UA et les personnes en charge de la planification aux Nations unies envisagent le passage de l’AMIS sous contrôle de l’ONU, ils devront s’assurer qu’un tel changement ne diminuera en rien la capacité de la mission à protéger les civils. Le rapport identifie également les façons dont l’AMIS peut être immédiatement renforcée pour améliorer la protection des civils au Darfour.

« Tout transfert à l’ONU pourrait prendre des mois, » a déclaré Takirambudde. « En attendant, l’AMIS doit procéder à des changements immédiats pour améliorer la protection des civils et démontrer qu’elle a la capacité et la volonté de protéger maintenant les civils au
Darfour. »

Le rapport s’appuie sur une évaluation technique de la Mission de l’Union africaine au Soudan conduite par un expert militaire ainsi que sur les recherches approfondies de Human Rights Watch et les rapports de l’organisation sur la crise des droits humains au Darfour. Le rapport appelle à des patrouilles agressives dans tout le Darfour menées par des troupes de l’AMIS correctement dotées de véhicules blindés de transport de troupes, de soutien tactique aérien et d’autres équipements nécessaires.

« Les troupes de l’Union africaine doivent répondre agressivement à la violence qui perdure contre les civils au Darfour, » a déclaré Takirambudde.

Les règles d’engagement de l’AMIS doivent être clarifiées afin de permettre le recours à une force meurtrière pour protéger les civils, notamment les opérations humanitaires confrontées à une menace. La décision de recourir à une force meurtrière doit passer du commandant des forces de l’AMIS aux commandants de secteurs sur le terrain. L’AMIS doit déployer des forces de réaction rapide totalement équipées pour répondre immédiatement dans chaque secteur. L’effectif des forces de police civile doit être augmenté et leur rôle reformulé afin qu’elles disposent du pouvoir d’arrêter les personnes se livrant à des activités criminelles.

Le gouvernement soudanais a fait obstruction à maintes reprises aux opérations de l’U.A. Ce n’est que récemment, avec des mois de retard, que le gouvernement soudanais a autorisé l’AMIS a importer 105 véhicules blindés de transport de troupes nécessaires à la protection des civils ainsi qu’aux forces de l’AMIS. En octobre, cinq soldats de l’AMIS originaires du Nigeria ont été tués au cours d’un échange de tirs avec des milices soutenues par le gouvernement, au Sud Darfour. Le 6 janvier, un soldat sénégalais est mort au combat dans l’Ouest du Darfour.

« Les responsables africains doivent exercer toutes les pressions possibles sur le gouvernement soudanais pour qu’il cesse de compromettre l’efficacité des opérations de l’AMIS, » a déclaré Takirambudde. « Les attaques continues du gouvernement soudanais contre des civils exigent une réponse plus ferme de l’Union africaine. »

Extradition d’Hissène Habré vers la Belgique

L’U.A. devrait également aborder la question de l’impunité pour graves crimes internationaux en appelant le Sénégal à remettre à la Belgique pour qu’il y soit jugé, l’ancien responsable tchadien, Hissène Habré qui vit en exil au Sénégal, a déclaré Human Rights Watch.

Le 19 septembre, un juge belge a émis un mandat d’arrêt international accusant Habré de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de torture. Habré a été arrêté à Dakar le 15 novembre mais dix jours plus tard, un tribunal sénégalais a déclaré qu’il n’avait pas compétence pour se prononcer sur la demande d’extradition, renvoyant ce cas dans une impasse juridique. Le 27 novembre, le Ministre sénégalais des affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio a déclaré qu’il « revenait au sommet de l’Union africaine d’indiquer quelle juridiction avait compétence pour traiter cette affaire. »

« En exhortant le Sénégal à extrader M. Habré vers la Belgique, l’U.A. montrerait clairement qu’elle s’engage en faveur de la justice et qu’elle entreprend des actions concrètes pour lutter contre l’impunité sur le continent, » a déclaré Takirambudde.

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