Des activistes du monde entier pour la lutte contre le Sida sont confrontés à la répression et aux abus du gouvernement et nécessitent un soutien et des protections substantielles accrus, a déclaré Human Rights Watch lors de la journée mondiale du Sida.
« Les quelques histoires à succès que nous rencontrons dans la lutte mondiale contre le Sida sont le résultat d’efforts héroïques de la part d’individus courageux mobilisant les pauvres, les exclus, et les populations stigmatisées à agir, » a déclaré Joe Amon, directeur du Programme HIV/Sida à Human Rights Watch. « Mais les activistes de la lutte contre le Sida et les travailleurs sociaux sont souvent harcelés ou même emprisonnés par leurs gouvernements pour simplement s’être dressés et s’être exprimés sur le Sida, et la communauté internationale des défenseurs ne travaille pas assez pour les protéger. »
Human Rights Watch a recensé plusieurs cas d’activistes et d’organisations non gouvernementales qui sont harcelés, intimidés, ou emprisonnés a cause de leur travail. En Chine, les officiels du gouvernement emprisonnent des activistes cherchant à mettre à jour la complicité du gouvernement dans un scandale de corruption de sang, qui a affecté des millions de pauvres gens, atteints du Sida dans les années 90. En Inde et au Bangladesh, les travailleurs sociaux qui aident les prostituées, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, et d’autres populations clandestines, ont été confrontés à la violence et au harcèlement de la police.
En Ouganda, des activistes protestant la récente évolution du gouvernement envers des programmes moralisateurs d’« abstinence jusqu’au mariage » font face aux intimidations des officiels et aux accusations d’immoralité. Aux Philippines, la police arrête régulièrement des femmes et les accuse de prostitution car elles ont simplement des préservatifs. En Russie, le parlement est en train de considérer une législation qui serrerait le contrôle du gouvernement sur les russes et les organisations étrangères non gouvernementales, menaçant l’assistance vitale et les programmes de formation pour les drogués et les prostituées.
La violence du gouvernement touchent les activistes qui ne font rien d’autres que manifester paisiblement pour leur accès aux services de santé. Cette année, à Queenstown, en Afrique du Sud, la police a tiré des balles de plastique et des gaz lacrymogènes sur des membres de l’ONG « Treatment Action Campaign » (TAC) qui étaient en train de protester contre les progrès trop lents du programme de traitement antiviral du gouvernement. Human Rights Watch demande une enquête complète sur cet incident.
« Une expérience pénible montre que la répression sur la société civile ne fait que raviver les épidémies du Sida, » a indiqué Amon. « Où la répression domine, le Sida gagne. »
Depuis 2002, Human Rights Watch honore six personnes ou organisations pour leur travail courageux à défense les droits de personnes vivant avec ou étant affectés par le Sida. Ce sont :
Meena Seshu (2002) est le fondateur et le secrétaire général de SANGRAM, une organisation basée à Sangli, dans l'état Maharashtra, en Inde, qui aide des prostituées à devenir des éducatrices sur le Sida parmi elles et dans la communauté.
Dr. Wan Yanhai (2002) est le coordinateur du projet d’action AIZHI (Sida), une organisation non gouvernementale qu’il a fondé en 1994 et qui fournit certaines informations basiques sur le HIV/Sida, disponibles aux gens, en Chine, à travers un site web très utilisé.
AIDS Law Project (« Projet de loi sur le Sida ») (2003) est une organisation pionnière qui aide à combattre le HIV/Sida en protégeant les droits des millions d’infectés par la maladie en Afrique du Sud, et qui a co-fondé l’ONG « Treatment Action Campaign ».
The Thai Drug Users’ Network (« Le réseau des utilisateurs de drogues thaïlandais ») (2004) travaille, avec peu de ressources, pour protéger les droits des utilisateurs de drogues en Thaïlande depuis 2002, et cela, même durant un acte de répression brutal contre la drogue, qui a eu pour conséquence de tuer 3000 personnes.
Humanitarian Action (2005) est la première organisation sur le HIV/Sida qui prouve que porter assistance et soin aux populations marginalisées de Russie — comme l’échange de seringues pour les drogués, l’assistance aux prostituées travaillant dans la rue, et les services médicaux aux enfants des rues — est le meilleur moyen pour arrêter la course du Sida.
Beatrice Were (2005) est une des plus courageuses et fascinantes activistes pour le Sida en Ouganda. Elle a fondé une organisation qui soutient les femmes vivant avec le virus et s'engage au niveau juridique, au nom des familles affectées par le virus, et elle fut l'une des premières femmes ougandaises àdéclarer ouvertement son statut de séropositive.