(New York) - Le gouvernement ivoirien a recruté des centaines de combattants récemment démobilisés au Libéria, y compris de nombreux enfants de moins de 18 ans, pour combattre aux côtés des ces forces, a révélé Human Rights Watch aujourd'hui.
La semaine dernière, des témoins interviewés au Libéria par Human Rights Watch ont rapporté que des officiers de l'armée ivoirienne et des ex-commandants libériens ont intensifié leurs efforts de recrutement en mars. Pourtant, dimanche prochain à Pretoria, le gouvernement ivoirien participera aux négociations de paix avec les forces rebelles qui occupent la moitié nord de la Côte d'Ivoire.
Des enfants soldats qui avaient été démobilisés après la violente guerre civile au Libéria, ainsi que des ex-commandants et des chefs de la communauté ont indiqué à Human Rights Watch que depuis octobre les enfants libériens avaient franchi la frontière pour combattre aux côtés d’une milice pro-gouvernmentale basée autour de la ville occidentale de Guiglo, dans la « boucle du cacao » de la Côte d’Ivoire.
« Le gouvernement ivoirien parle de paix en préparant activement la guerre en utilisant des combattants étrangers, y compris des enfants soldats démobilisés du Liberia », a déclaré Peter Takirambudde, directeur de l’Afrique à Human Rights Watch. « Ces enfants ont survécu à une violente guerre civile au Libéria. Maintenant ils sont incités à reprendre les armes en Côte d’Ivoire. »
Dimanche 3 avril à Pretoria, Thabo Mbeki, le président sud-africain, accueillera les parties au conflit ivoirien dans le cadre du processus de paix engagé sous l’égide de l’Union Africaine. « Mbeki doit exiger que toutes les parties cessent de recruter ou d’employer des enfants dans le conflit ivoirien », a insisté Takirambudde.
Les gouvernements de Libéria et de la Côte d’Ivoire doivent poursuivre ceux qui sont responsables pour le recrutement et l'utilisation des enfants soldats. Human Rights Watch a encouragé le Procureur général de la Cour Pénale Internationale à ouvrir une enquêter sur le recrutement et l'utilisation des enfants soldats. Le 20 janvier dernier, le Procureur avait annoncé qu'il enverrait une équipe en d'Côte d’Ivoire afin de préparer le terrain pour une éventuelle investigation sur des crimes de guerre. Selon le Statut de la CPI, le recrutement et l'utilisation des enfants de moins de 15 ans est un crime de guerre.
« J’ai quitté le Libéria pour aller me battre en Côte d'Ivoire en novembre 2004, et j'ai combattu pendant une semaine », a rapporté un Libérien de 15 ans interviewé par Human Rights Watch. « Mon commandant et moi venons de revenir il y a quelques jours. Nous sommes revenus pour recruter plus de garçons et pour les ramener pour notre opération. »