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(New York) – Le gouvernement rwandais devrait rejeter une demande parlementaire de dissolution de l'un des principaux groupes de défense des droits de l'homme du pays injustement accusé par une commission parlementaire de nourrir des idées génocidaires, a annoncé Human Rights Watch aujourd'hui.

Mercredi, après trois jours de débat, le parlement rwandais a demandé au gouvernement de dissoudre la Ligue Rwandaise pour la promotion et la défense des droits de l'homme (Liprodhor) ainsi que quatre autres organisations de la société civile en raison de leur prétendu soutien à des idées génocidaires. L'action a été recommandée par une commission parlementaire qui a également réclamé l'arrestation des responsables de ces organisations.

“Dissoudre la Liprodhor remettrait en question l'engagement du gouvernement rwandais à respecter les droits humains fondamentaux tels que la liberté d'expression et d'association,” a déclaré Alison Des Forges, conseillère principale à la Division Afrique de Human Rights Watch.

Lors du débat parlementaire, la commission a émis des accusations hâtives et non fondées à l'encontre de la Liprodhor et des autres organisations, notamment une association rurale oeuvrant pour une amélioration de la production agricole et une association de veuves dont les époux ont été tués lors du soulèvement de 1997-99 dans le nord du Rwanda.

L'interprétation que fait la commission des “idées génocidaires,” interdites par la loi rwandaise, est si large qu'elle va jusqu'à inclure tout dissentiment sur les projets du gouvernement en matière de consolidation des avoirs fonciers.

“Avec une interprétation aussi large, toute opposition au gouvernement peut être qualifiée ‘d'idéologie génocidaire’ et les personnes concernées peuvent être sévèrement punies,” a déclaré Des Forges.

La commission parlementaire, établie suite au meurtre, à la fin 2003, de plusieurs survivants du génocide de 1994, a recueilli des informations émanant de responsables locaux et d'autres personnes dans environ trois-quarts du pays. Elle en a conclu qu'une “idéologie génocidaire” s'était répandue et qu'elle était présente dans six des 12 provinces du Rwanda, à l'université nationale, dans un certain nombre d'écoles secondaires et dans de nombreuses églises. Lors du débat, un parlementaire a même prétendu que des idées génocidaires avaient été décelées chez des survivants du génocide, déclaration qui a provoqué les railleries d'autres parlementaires.

Les informations présentées au cours du débat parlementaire de cette semaine comportaient un certain nombre d'inexactitudes mais la Liprodhor n'a pas eu l'occasion de rectifier les erreurs ou de répondre aux accusations, ni pendant la période où la commission a rassemblé les informations, ni lors du débat proprement dit.

La commission a par ailleurs demandé qu'une action soit intentée contre plusieurs organisations non gouvernementales internationales actives au Rwanda, notamment Care International, Trocaire, 11.11.11 et Norwegian People’s Aid. Elle a affirmé—à tort dans certains cas—que ces organisations internationales soutenaient les groupes locaux accusés par la commission de nourrir une “idéologie génocidaire.”

La commission et les parlementaires ont également fustigé les autorités néerlandaises pour leur soutien à des organisations qui poursuivent soi-disant une “idéologie génocidaire.” Le gouvernement néerlandais, un bailleur de fonds généreux subsidiant à la fois le gouvernement rwandais et un certain nombre d'organisations de la société civile, devait discuter, ce vendredi, de la poursuite de l'aide accordée au Rwanda.

La commission a critiqué un certain nombre d'églises et de dirigeants religieux pour leurs idées génocidaires et elle a recommandé la mise sur pied d'un “forum” chargé d'administrer les activités religieuses. Un forum de ce genre, dominé par le Front patriotique rwandais, supervise déjà la conduite des partis politiques, dont la marge de manœuvre est plus fortement limitée.

C'est la deuxième fois qu'une commission parlementaire propose d'éliminer des organisations. L'année dernière, une commission avait recommandé d'interdire le Mouvement démocratique républicain, le seul parti alors capable de se mesurer sérieusement au Front patriotique rwandais lors des élections nationales qui allaient avoir lieu.

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