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(New York) – Les Forces de sécurité d’Etat ivoiriennes doivent être reconnues responsables d’un recours excessif à la force lors de la marche de protestation organisée par l’opposition dans la capitale Abidjan, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le gouvernement ivoirien devrait ouvrir une enquête indépendante pour établir les faits.

25 personnes au moins ont trouvé la mort et 45 autres ont été blessées à Abidjan hier au cours d’une marche de protestation organisée par une alliance formée de partis d’opposition ivoiriens et de forces rebelles, pour protester contre le manque de progrès dans la mise en oeuvre par le gouvernement des accords de paix de janvier 2003.

Peu après l’annonce de la marche, le président Laurent Gbagbo, citant la crainte que les groupes d’opposition étaient en réalité sur le point de “fomenter un coup d’état”, a interdit toute manifestation dans la capitale puis mobilisé l’armée pour qu’elle déploie ses forces à travers toute la ville. Le commandement des forces armées a décrété que la zone située autour du palais présidentiel serait une “zone rouge” dans laquelle les manifestants seraient considérés comme “des combattants ennemis et traités comme tels sans avertissement”.

“Comparer des manifestants civils à des combattants ennemis est totalement inadmissible”, a déclaré le directeur de la division Afrique de Human Rights Watch, Peter Takirambudde. “Les forces de sécurité de l’État ont le devoir de minimiser la violence et d’agir avec mesure, mais il est clair qu’elles ont failli à leurs obligations”.

La violence résultant de la marche était prévue, étant donné la tension continue qui sévit dans le pays et la lenteur de la mise en oeuvre des accords de paix depuis la fin du conflit intérieur en juillet 2003.

Les pires actes de violence ont apparemment eu lieu dans les districts d’Abobo, de Port-Bouet, de Youpougon, d’Adjamé, et de Koumassi. À Abobo, une zone habitée par de nombreux supporters des partis d’opposition, les membres d’une unité gouvernementale anti-émeute ont apparemment tiré sur un groupe de manifestants non armés, tuant quatre personnes et blessant un nombre inconnu d’individus. Au cours d’un autre incident, la mort d’au moins deux policiers aux mains des manifestants a été signalée dans le quartier d’Abobo d’Abidjan.

Des sources crédibles rapportent que de jeunes supporters du Front Populaire Ivoirien (FPI) du président Gbagbo, connus sous le nom de Jeunes Patriotes, ont activement participé à la violence dans le district en attaquant et tuant à la machette une personne au moins. Dans un autre district, Cocody, des policiers ont été vus en train de tirer sur des individus tendis que ces derniers s’enfuyaient en courant. Au moins 24 personnes ont été blessées dans les quartiers de Port-Bouet et d’Adjamé. Le nombre de morts dans ces quartiers reste cependant à clarifier.

“Le gouvernement ivoirien devrait ordonner une enquête indépendante et amener toutes les personnes responsables devant la justice, y compris les partisans civils de tous les camps”, a déclaré Takirambudde.

Human Rights Watch a également reçu des rapports signalant que des douzaines de personnes ont été prises dans des rafles puis arrêtées par les forces de sécurité d’État aujourd’hui et durant les journées qui ont précédé la marche. Ces rafles ont pris place dans les quartiers les plus pauvres, principalement habités par des émigrés d’Afrique de l’ouest et des Ivoiriens du nord, souvent perçus comme des supporters du parti d’opposition du Rassemblement des Républicains, RDR.

Les forces de sécurité ivoiriennes doivent respecter les normes internationales et user de mesure au cours des prochaines manifestations, a déclaré l’organisation Human Right Watch. Les principes de base des Nations Unies sur l’utilisation de la force et des armes à feu par les autorités policières stipulent que ces dernières doivent autant que possible appliquer des mesures non violentes avant de recourir à la force. Lorsque l’utilisation légale de la force est inévitable, les autorités policières doivent user de mesure et répondre en fonction de la gravité des agissements. L’objectif légitime doit être atteint avec un minimum de dommage et de blessures et la conservation de la vie humaine respectée.

Les anciens groupes rebelles et le RDR se sont retirés de la coalition du gouvernement suite au bain de sang d’hier, mais se sont engagés à organiser une autre manifestation vendredi.

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