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(New York, le 10 juillet 2003) - Le Président des Etats-Unis, George Bush, devrait fortement condamner les récents incidents de brutalité policière lors de sa visite au Nigeria, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le président Obasanjo devrait également s'engager de manière explicite à ne pas aider le Président libérien Charles Taylor à échapper à la justice.

Ces deux dernières semaines au Nigeria, la police a mortellement tiré sur plusieurs personnes, et en a passé d'autres à tabac, a déclaré Human Rights Watch. Les incidents font partie d'une tendance plus large d'intensification du harcèlement et de l'intimidation des critiques du gouvernement nigérian.

« Bush vient au Nigeria à un moment critique, et il ne peut ignorer la violence, » a déclaré Peter Takirambudde, directeur exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. « Les améliorations en ce qui concerne les libertés civiles depuis l'avènement du régime civil au Nigeria sont en train de régresser. »

Human Rights Watch a aussi encouragé le président Obasanjo à s'assurer que son offre récente de 'havre de paix' pour Charles Taylor ne protège pas le président libérien de poursuites. En dépit de soutenir des notions de droits humains et de justice internationale, le président Obasanjo semble prêt à permettre au président libérien de se soustraire à la justice.

« Il y a un acte d'accusation international à l'égard de Charles Taylor pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, » a déclaré Takirambudde. « En le laissant s'échapper, le président Obasanjo montrerait son indifférence pour le principe de la justice - une position qui malheureusement tend à refléter la situation au Nigeria. »

Une nette augmentation du prix du pétrole a initié une grève générale et des protestations étendues au Nigeria du 30 juin au 8 juillet. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs de balles réelles pour disperser les manifestants. Bien que certains manifestants aient eu recours à la violence, de nombreuses protestations étaient complètement pacifiques.

Le 30 juillet, 30 personnes auraient été arrêtées à Abuja après avoir livré une pétition à l'ambassade des Etats-Unis pour protester contre la visite de Bush qui confèrerait de la légitimité au gouvernement d'Obasanjo. Cinq jours plus tard ils étaient toujours détenus, sans chef d'inculpation dans un lieu non identifié.

Certains détenus furent amenés au quartier général de la police nationale où ils ont dit à des collègues que la police les a accusés d'avoir embarrassé le gouvernement nigérian. Ils prétendent aussi que la police les a soumis à une intense pression afin qu'ils 'confessent' que leur protestation à l'égard de l'ambassade des Etats-Unis avait été sponsorisée par le candidat présidentiel du principal parti d'opposition du Nigeria, le All Nigeria People's Party (ANPP).

Le 7 juillet, au moins 6 personnes, et peut être plus, furent exécutées par la police à Lagos. Des témoins on dit à Human Rights Watch que dans plusieurs endroits de la ville, la police a aveuglement ouvert le feu sur les foules. Par exemple, à Yaba, un jeune homme d'une vingtaine d'années a été tué alors qu'il était à l'extérieur de sa maison. Des témoins décrivent l'action de la police à Yaba comme n'ayant pas été provoquée et ont dit que les protestations avaient été pacifiques jusqu'à ce que la police commence à disperser la foule.

A Akowonjo, au moins trois personnes auraient été tuées et plusieurs autres blessées à cause de tirs de la police. La police a nié savoir quoi que ce soit sur les tirs armés à Lagos.

Dans la ville portuaire du Sud, Port Harcourt, trois personnes dont deux étudiants de l'école secondaire ont été tués par balles le 2 juillet alors que la police dispersait la manifestation sur la route rapide Port Harcourt-Aba. Plusieurs étudiants ont également été passés à tabac par la police et arrêtés lors d'une autre manifestation d'étudiants, rue Ikwerre, le même jour.

A Abuja, le 1er juillet, un groupe de plus de 10 policiers ont attaqué un photographe de Associated Press qui prenait des photos de la manifestation. Ils l'ont passé à tabac à l'aide de fouets et de crosses de fusils à cause des photos que lui et d'autres journalistes prenaient.

Deux reporters travaillant pour le journal Vanguard ont également été passés à tabac le même jour. Au moins deux journalistes dont un des reporters du Vanguard ont été arrêtés. Ils ont été relâchés le même jour.

« Le président Bush ne peut pas faire semblant que c'est Business as usual au Nigeria alors que des gens ont été brutalisés par la police seulement quelques jours avant sa visite, » a déclaré Takirambudde.

Le gouvernement nigérian doit donner des instructions claires à la police afin qu'elle permette des manifestations pacifiques et qu'elle s'abstienne d'employer de la force excessive à l'encontre de personnes non violentes. Elle devrait également libérer ceux qui ont été arrêtés en rapport avec les manifestations à l'ambassade des Etats-Unis, à moins qu'il y ait des raisons de les inculper d'un crime.

Le 3 juillet, Human Rights Watch a écrit une lettre ouverte au président Obasanjo, soulignant le problème persistant des droits humains au Nigeria et l'incapacité de faire comparaître en justice ceux qui ont commis un crime.

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