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Nigeria : Human Rights Watch applaudit les mesures prises à l'encontre des Bakassi Boys

Des réformes fondamentales sont à présent attendues

(New York, le 10 octobre 2002) - Human Rights Watch a déclaré aujourd'hui que la décision récente du gouvernement nigérian de sévir contre le groupe d'autodéfense connu sous le nom de Bakassi Boys méritait un accueil favorable, bien que de plus amples réformes restent toujours à réaliser. L'organisation avait répertorié de graves violations de droits humains commises dans les états d'Abia et d'Anambra (sud-est du Nigeria) par les Bakassi Boys.

Dans une lettre adressée au président nigérian Olusegun Obasanjo, Human Rights Watch félicite le gouvernement fédéral pour son action, déplorant toutefois que celui-ci n'ait agi plus tôt. L'ONG conseille par ailleurs au président d'implanter des réformes plus durables au sein du corps policier, afin de rétablir, dans le respect des droits humains, l'ordre et l'autorité de la loi et de faire en sorte que la population n'ait plus recours à l'autodéfense pour assurer sa sécurité.

" Si le gouvernement fédéral et la police avaient pris des mesures plus rapidement, ils auraient pu éviter à des centaines de personnes de subir torture et massacres aux mains des Bakassi Boys ", affirme Peter Takirambudde, directeur exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. " Mais agir tardivement est évidemment mieux que de ne pas agir du tout. "

Au cours des dernières semaines, des opérations policières déclenchées dans diverses localités des états d'Abia - en août - et d'Anambra - en septembre - ont permis d'arrêter une vingtaine de membres des Bakassi Boys et de libérer des personnes détenues illégalement par ces derniers. Plusieurs de ces détenus avaient été soumis à d'atroces actes de torture et de mutilation.

En mai 2002, Human Rights Watch, conjointement avec le Centre for Law Enforcement Education (CLEEN) de Lagos, publiait un rapport détaillé décrivant une série de graves violations de droits humains perpétrées par les Bakassi Boys, avec une tendance notoire aux meurtres extrajudiciaires, à la torture et à la détention illégale. Un grand nombre de ces abus ont été commis avec le soutien de représentants du gouvernement.

" Nous avons recommandé au président Obasanjo une série de mesures essentielles au succès de son initiative ", souligne Takirambudde. " Nous l'avons pressé de les mettre en œuvre dès que possible afin de garantir que les sérieux abus réalisés par les Bakassi Boys ne se reproduisent pas, et de mettre un terme à l'érosion de l'ordre et du respect de la loi à l'origine de ces abus. "

Human Rights Watch, plus spécifiquement, recommande au président nigérian:

  • De porter, là où les preuves s'avèrent suffisantes, des accusations criminelles contre les membres des Bakassi Boys qui ont été arrêtés, de sorte que ceux-ci soient traduits en justice rapidement et équitablement ; de donner au corps policier - ou à tout autre fonctionnaire responsable de leur détention - l'interdiction formelle de soumettre les prisonniers à toute forme de torture, de mauvais traitement ou d'exécution extrajudiciaire.
  • De s'assurer que la police ne porte pas ses investigations uniquement sur le rôle des membres de la base du groupe, mais également sur celui des individus dont provenaient les ordres conduisant aux violations de droits de la personne.
  • De résister à toute pression, de la part d'officiels gouvernementaux ou d'autres individus, sollicitant le relâchement de membres des Bakassi Boys contre lesquels il existe des preuves concluantes de participation à des violations de droits humains. Ce genre de pression s'est fréquemment fait sentir par le passé.
  • D'entreprendre une vaste réforme au sein des forces policières qui permette, notamment, d'accroître leur effectif, d'offrir aux policiers un entraînement plus poussé ainsi que de meilleures conditions de travail, et d'éliminer les abus relatifs aux droits de la personne ainsi que la corruption au sein du corps policier.

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