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Un journaliste libérien de premier plan de nouveau arrêté

Accusations possibles de "terrorisme" contre lui

(New York) - Un important rédacteur en chef de journal ainsi que trois autres Libériens sont détenus depuis plus d'une semaine, sans chef d'inculpation. Ces quatre personnes sont maintenues au secret par le gouvernement libérien et courent le risque de subir des actes de torture et des mauvais traitements. Le gouvernement a, à deux reprises, ignoré une décision de justice demandant que ces détenus soient traduits devant un tribunal.

Hassan Bility, rédacteur en chef de l'un des journaux les plus indépendants du Liberia a été arrêté le 24 juin 2002, avec Ansumana Kamara, Abubakar Kamara et Blama Kamara. Ces détenus ont été conduits vers une destination inconnue par deux hommes en civil qui appartiendraient à la Division d'investigations criminelles de la police.

Le Ministre de l'information, Reginald Goodridge, a alors rendue publique une déclaration annonçant que Bility et les autres individus arrêtés étaient détenus parce qu'ils étaient soupçonnés de diriger une cellule terroriste rebelle à Monrovia.

"Hassan est la plus récente victime de la répression du gouvernement contre la presse indépendante," a déclaré Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. "Sa détention a pour but de faire savoir que critiquer le gouvernement libérien - ou même seulement couvrir dans la presse, les critiques à son égard - ne sera pas toléré."

Au cours de l'année écoulée, Hassa Bility a été interrogé et détenu à deux reprises et son journal, The Analyst, a été fermé deux fois, suite à la publication d'articles sur le gouvernement jugés critiques.

En mai 2002, Bility a reçu, par téléphone, une menace de mort provenant d'un colonel de la police nationale libérienne qui l'a prévenu que ceux qui écrivaient des articles critiques sur le Président auraient à en subir les conséquences. La menace a été proférée après la couverture, par The Analyst, d'un discours prononcé par l'important avocat des droits humains, Tiawan Gongloe, sur le rôle des groupes de la société civile pour apporter la paix dans la sous-région. Suite à ce discours, Tiawan Gongloe a été illégalement détenu et torturé en avril 2002 avant d'être relâché sans chef d'inculpation. The Analyst a été brièvement fermé par le gouvernement.

Bien que le gouvernement ait initialement reconnu qu'il détenait Hassan Bility ainsi que les autres personnes, il a été impossible de déterminer quelle agence de sécurité les retient et d'accéder à eux. A deux reprises, le gouvernement a refusé de se plier à une décision de justice demandant que les détenus soient présentés devant le tribunal. Lors des deux audiences, les avocats de l'état ont nié que les détenus étaient sous la garde de l'état malgré la conférence de presse du Ministre de l'information tenue le jour de l'arrestation de ces personnes, affirmant que les accusés subissaient "des interrogatoires à l'Agence pour la Sécurité Nationale" pour complot "pour assassinat du Président et déstabilisation de l'Etat."

Les avocats de l'Etat ont également avancé comme argument contradictoire que Bility n'avait pas à apparaître devant un tribunal puisqu'il était un "combattant illégal" et qu'il devait à ce titre être traduit devant un tribunal militaire.

"Compte tenu en particulier de la récente histoire du Liberia en matière de répression des critiques publiques, il apparaît de plus en plus clairement que l'arrestation de Bility, sur la présomption d'appartenance à une cellule terroriste à Monrovia, constitue bel et bien un nouvel effort pour le réduire au silence," a déclaré Takirambudde.

Suite à une incursion rebelle depuis la mi-2000, le gouvernement de Charles Taylor s'est fait de plus en plus intolérant face aux critiques. Après l'imposition de l'état d'urgence en février 2002, le Liberia a intensifié le harcèlement contre les groupes issus de la société civile et contre la presse indépendante. De plus, des membres des ethnies mandingue et krahn ont été pris pour cibles d'une persécution, sur la base de leur appartenance ethnique parce que nombre de combattants rebelles sont mandingues ou krahn. Les quatre détenus sont mandingues.

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